« Un don du Seigneur »: Le théologien Henri Blocher revient sur la création du CNEF

566 lectures, par nicolas le 12 mai 2010 · 8 commentaires

dans la rubrique Actualités des églises

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Horizons Evangéliques

NDLR: Merci à Marie-Josée Maré de nous avoir confié cet article du tout nouveau numéro de la revue Horizons Evangéliques (exemplaire gratuit et abonnement ici). Daniel Hillion, du SEL France (service d’entraide et de liaison), y a interviewé Henri Blocher, figure bien connue du protestantisme français et professeur de théologie à la faculté de Vaux-sur-Seine.

« Un don du Seigneur »

« Dans l’état présent des choses un certain nombre
de personnes – dont je
suis – aurait scrupule
à entrer dans la FPF. »
— Henri Blocher

Propos recueillis par Daniel Hillion auprès d’Henri Blocher

De quelle manière appréciez-vous la création du CNEF ?

Je suis persuadé qu’il s’agit d’une œuvre que le Seigneur lui-même conduit. J’ai été vivement impressionné par la séance de réconciliation qui a lancé le processus. J’ai eu le sentiment que l’Esprit de Dieu était à l’œuvre ce jour-là avec une netteté particulière. Je crois donc vraiment que c’est un événement heureux pour le christianisme en France et un don du Seigneur.

Discernez-vous une réelle unité parmi ceux qu’on appelle «évangéliques» en France ?

Je suis persuadé qu’il y a une véritable parenté entre les évangéliques très perceptible du dehors. Comme toujours dans les familles, les membres qui sont côte à côte voient surtout ce qui les différencie les uns des autres. Mais il y a un air de famille commun qui correspond assez bien aux quatre caractéristiques que Bebbington a sélectionnées pour caractériser le mouvement évangélique : une grande attention à l’autorité plénière de la Bible, la centralité de la croix, l’appel à la conversion et aussi un certain activisme. Donc j’affirme qu’il y a une réelle unité doctrinale, malgré la diversité sur des points qui sont seconds sans être secondaires et une différenciation nette de l’identité évangélique par rapport à l’identité catholique ou à celle d’un protestantisme pluraliste.

Qu’attendez-vous du CNEF ?

J’attends surtout que les faiblesses – qui sont assez symétriques – des diverses composantes de ce mouvement évangélique se corrigent grâce à la collaboration et aux échanges. L’aile qui est la plus exubérante et qui met l’accent sur l’action risque toujours de manquer de solidité doctrinale, de rigueur dans la réflexion et, à l’inverse, les représentants d’un christianisme protestant évangélique conservateur risquent toujours de s’enfermer dans le confort du maintien des positions anciennes. Je pense donc qu’il doit y avoir aide mutuelle au progrès. D’autre part, dans la fondation même du CNEF il y a l’espoir d’une reconnaissance plus entière de l’identité évangélique distincte par les médias, l’opinion publique et les pouvoirs publics. Je ne suis pas sûr que ce soit une valeur de tout premier rang, mais c’est quand même quelque chose qui mérite d’être recherché.

Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu que les évangéliques rejoignent en masse la Fédération Protestante de France (FPF) ?

Même si la chose ne posait à mes yeux aucun problème de principe, il ne serait pas possible de penser à une entrée en masse dans la FPF de ceux qui vont se retrouver dans le CNEF, étant donnée la psychosociologie des groupes humains et ecclésiaux. D’autre part, du point de vue des principes, j’estime qu’il y a un scrupule légitime à avoir étant donnée la charte dont la Fédération Protestante a cru bon de se doter sur les conditions spirituelles d’appartenance. Selon l’interprétation que je crois devoir privilégier, la charte oblige à reconnaître une unité spirituelle entre tous les membres de la FPF. Or dans les Églises pluralistes, certains théologiens, pasteurs et d’autres sont d’un libéralisme très marqué. Ils ne sont pas prêts à souscrire aux symboles anciens de la foi sur la divinité au sens strict et plein de Jésus-Christ, sur le caractère historique et tout à fait littéral de sa résurrection d’entre les morts. Si la FPF se contentait d’être un organisme de représentation du protestantisme sociologiquement défini et un forum où la diversité des positions théologiques s’exprimerait sans prétention d’être une voix commune au plan spirituel, il n’y aurait pas d’objection de principe. Mais dans l’état présent des choses un certain nombre de personnes – dont je suis – aurait scrupule à entrer dans la FPF.

Comment les évangéliques qui entrent dans la FPF justifient-ils leur choix ?

Ceux avec qui j’ai pu parler le font en disant que la charte les oblige à une affirmation de communion spirituelle à travers la diversité des étiquettes (le simple fait de porter telle ou telle étiquette n’empêche pas la communion), sans avoir à prendre en compte la question du pluralisme interne. Je le comprends, mais personnellement je ne peux pas suivre.

Quelles sont les forces et les faiblesses du mouvement évangélique en France à l’heure actuelle ?

Précisément la convergence, le désir de coopération qui est marqué. Je crois que par comparaison avec beaucoup d’autres pays – et cela remonte déjà au milieu du siècle dernier – il y a une meilleure attitude commune. Je crois que c’est notamment un fruit – ce n’est pas l’unique cause – du ministère de Ruben Saillens. Ce ministère a été un ministère interecclésiastique qui a tenu à associer des milieux divers par exemple à la convention de Morges ou pour le service de l’Institut Biblique de Nogent, et qui a formé un groupe de jeunes qui se sont retrouvés dans diverses Églises et qui ont collaboré pour la fondation du Centre Évangélique, par exemple. C’est une force qui est encore celle du mouvement évangélique en France aujourd’hui et qui est un bien précieux. Je pense que le Seigneur bénit quand il y a une telle volonté d’œuvrer en harmonie.

Quant aux faiblesses je pense quand même qu’il y a une dispersion, un manque de structure, un individualisme dans la pratique quotidienne qui sont assez affligeants. Que là nous sommes plutôt pagailleux. Alors, je préfère ça à l’ordre d’une secte, à la centralisation que je vois chez d’autres parfois en dehors de ce que j’appelle le mouvement évangélique. Notre pagaille nous en protège, mais malgré tout, elle est une faiblesse aussi.


{ 2 trackbacks }

le seul seigneur Jésus-Christ ma délivré de la drogue et la cigarette | Cigarette
12 mai 2010 à 7 h 31 min
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13 mai 2010 à 14 h 16 min

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1 Jean2troyes 12 mai 2010 à 9 h 43 min

Caché à cause de très mauvaise notes. Cliquer ici pour voir.

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2 Rebecca 12 mai 2010 à 11 h 14 min

Jean2troyes, moi j’aurais quand même du mal à m’associer à la FPF , notamment lorsqu’il s’agit de prises de positions très libérales sur certains problèmes d’éthique ou de morale … je ne sais pas comment tu « gères » ça, moi je crois que je ne le pourrais pas … et j’aurais du mal à me sentir vraiment en communion avec des pasteurs ou des théologiens qui nient la divinité de Jésus ou sa résurrection corporelle, or, c’est le cas de certains pasteurs réformés, par exemple…
Mais on pourrait aussi dire que si les évangéliques entraient en masse dans la FPF, ça influencerait peut-être cette Fédération dans un sens plus « évangélique », justement …. de plus, il y a aussi des collaborations, pour certaines actions, entre la FPF et certaines personnes ( par exemple dans le cadre de la DEFAP ) faisant partie d’églises évangéliques qui ne sont pas membres de la FPF: il n’y a donc pas un « mur  » infranchissable, cela crée des rapprochements… De plus, certains évangéliques sont membres à la fois de la FPF et du CNEF: l’un n’exclue pas l’autre, et c’est une bonne chose; ceux qui sont dans cette situation permettront peut-être un rapprochement entre les évangéliques « hors FPF » et la FPF, justement…

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3 Jean2troyes 12 mai 2010 à 15 h 42 min

Bonjour Rebecca,
Mon groupe d’église est entré à la FPF sur la recommandation du pasteur Clément le Cossec, (qui avec les Tzigane en faisait déjà parti) qui fut utilisé par Dieu pour le réveil Tzigane.
Je n’ai pas besoin d’être d’accord avec qui me semble faux dans la Fédération Protestante, ni de l’être lorsque je suis pas d’accord… je n’ai rien renié de ma foi, de mes engagements et de mes convictions… Et rien me m’oblige à faire des compromis… Dans le respect je peux dire ce que je pense et ce que je crois sans aucun problème…
Je me m’étendrai pas sur l’attitude de certains pasteurs qui utilisent certains biais pour pouvoir bénéficier des avantages qu’offre la FPF pour être aumônier, par exemple…
Amitiés
Jean

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4 nicolas 12 mai 2010 à 17 h 40 min

Si tu t’assieds sur un glaçon et qu’il fonde, RESTE !

Mais si tu sens que tu commences à geler, PARS !

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5 Rebecca 14 mai 2010 à 14 h 15 min

Merci pour ta réponse qui m’éclaire un peu, Jean2troyes .. je sais que la MET ( Mission évangélique tzigane ) fait partie de la FPF depuis longtemps …

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6 Rebecca 14 mai 2010 à 14 h 16 min

Au fait, Nicolas, je trouve que c’est plus facile de lire les commentaires maintenant que tu as changé leur ordre d’apparition …

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