La discrimination par l’argent et la mort lente du bénévolat dans le monde évangélique

164 lectures, par nicolas le 21 juillet 2008 · 54 commentaires

dans la rubrique Problématiques chrétiennes

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NDLR: Re-rediffusion d’un édito de 2004, pour faire réponse et écho à un texte de Samuel Foucart sur Topinfo « Vaut-il encore la peine de sauver le soldat Ben Evolat? ». Ci-dessus, le tableau d’un artiste « In God We Trust », pour illustrer le glissement de l’Evangile vers Mamon et Babylone…

La mort lente du bénévolat est-elle due à l’infiltration de fausses doctrines?

Nombreux sont les parents de familles nombreuses qui ne peuvent mettre leur progéniture, faute de moyens, dans les programmes d’enfants pour les petites vacances. Camps de ski, activités d’éveil, tout cela existait déjà dans « le monde », et bien des enfants en étaient déjà exclus. Maintenant, des activités similaires voient le jour dans le monde chrétien, et plus seulement durant les vacances d’été, en témoignent les publicités « chrétiennes » de plus en plus nombreuses que nous recevons pas e-mail.

Ici, c’est une grande maison de vacances qui, en Alsace, propose aux enfants des vacances musicales chrétiennes. Là, ce sont des demi-journées d’amusement et d’ateliers créatifs organisés par des évangéliques aux tarifs… prohibitifs ! Un autre service – payant – vous propose de trouver l’âme soeur. Encore un autre service – payant toujours – vous propose d’échanger votre maison pour les vacances avec des chrétiens de partout, issus des milieux que l’on dit « réveillés ». N’allez pas proposer d’échanger un appartement contre une maison: ici, on échange à « valeur égale ». En somme, notre justice n’est guère supérieure à celles des Pharisiens que fustigeait Jésus.

Mais ce n’est pas tout: la moindre manifestation, le moindre concert, séminaire ou « cure d’âme » sont désormais devenus payants également. Il faut traverser la France et se rendre à Paris pour assister à tel séminaire « national » jamais délocalisé, et combien de familles d’ouvriers chrétiens ne se rendront jamais en Israël marcher sur la terre que Jésus a foulé, alors que d’autres « grands serviteurs » s’y réunissent régulièrement aux frais du contribuable… chrétien dîmable et corvéable à merci?

Tel pasteur de petite église réclame de ses fidèles qu’ils financent son voyage outre-antlantique pour une « réconciliation franco-québécoise » avec tambours et trompettes, pendant que, dans sa communauté, certains ne partent même jamais en vacances par faute de moyens. Tel a 2 voitures, et tel autre va à pied. Tel a une maison de campagne et telle famille s’entasse dans un petit appartement, et ce dans la même communauté, et personne ne s’indigne plus.

Bien plus, tel paralytique vivant d’une maigre COTOREP en deviendrait presque suspect: A-t-il vraiment la foi pour être guéri? « Si Dieu n’a pas pourvu pour le prix du séminaire et du billet de train, alors c’est qu’il n’a pas la foi », doit se dire l’organisateur qui lui a foi… mais dans l’argent des autres, argent qu’il fait réclamer à l’entrée par son service d’ordre !

Il ne viendrait à l’idée de personne de faire payer son père, ou sa mère, ou son frère ou sa soeur pour un service rendu. Quel mère facturerait les repas à ses enfants? Quel père vendrait ses sages conseils à son fils? Pourtant, la discrimination par l’argent élève petit à petit des barrières de plus en plus hautes au sein du monde chrétien. Nombreux sont ceux qui sont prêts, du haut d’une estrade et moyennant finance, à gratifier la foule de leur science biblique, mais combien parmi eux accompagnent les âmes dans le chemin du quotidien?

Certes, tout à un prix, tout à un coût… Pourtant l’éthique chrétienne voudrait que les enfants de Dieu donnent l’exemple, s’intéressent aux faibles, aux sans voix, aux sans argent. Au lieu de cela, la discrimination par l’argent devient la règle de nombreuses oeuvres chrétiennes. Faut-il voir dans la mort lente du bénévolat, du don de soi et de la gratuité du travail social chrétien l’infiltration progressive de certaines doctrines, comme l’Evangile de la Prospérité, ou tout simplement un signe des temps? A chacun de s’examiner devant Dieu… Mais la morsure de l’urgence se fait de plus en plus pressante, et la fracture sociale ne semble pas prête de se résorber. Et quand le chrétien moyen lève les yeux de son petit microcosme pour regarder ces gouffres que sont l’Afrique ou le Tiers-Monde, alors là les bras lui tombent…

Amis chrétiens, organisateurs de manifestations, directeurs de camps de vacances, responsables d’oeuvres, souvenons-nous des paroles de celui qui nous a parlé de la joie que nous aurions en invitant « ceux qui ne peuvent nous rendre la pareille ». Retournons aux actes de foi et aux oeuvres de justice et ne prenons pas le risque, comme le disait le grand évangéliste Spurgeon « d’engraisser les boucs au lieu de nourrir les brebis ». L’argent n’est jamais le problème dans une oeuvre, c’est toujours la foi. Et cette foi que Dieu honore n’est au service que d’une seule cause, celle qui émane d’un coeur pur et d’une motivation altruiste à la seule gloire de Dieu.

Nicolas ><>

Texte déjà publié sur Point Final le 14/10/2004 et rediffusé le 19/02/2007


{ 54 commentaires… lisez-les ci-dessous ou ajoutez-en un }

1 nicolas 21 février 2010 à 19 h 03 min

Je viens de parcourir un catalogue reçu hier, proposant des camps magnifiques pour les enfants, de voyages enrichissants pour la famille.

En le lisant, je me suis senti profondément triste, et même une certaine amertume à la lecture des programmes proposés, auxquels mes enfants ne pourront jamais participer avec de tels prix.

J’ai vu un camp pour les familles, à la découverte d’une région, faire de la marche, avoir de la communion fraternelle et j’ai fait le calcul: avec le montant annoncé, nous pouvons faire 2 à 3 semaines de vacances en famille ailleurs (1200 euros), alors que nous devrions débourser l’intégralité de notre budget vacances… pour une seule semaine ! L’été est long !

Décidément, qui peut se payer cela? Voyons-nous un christianisme bourgeois à deux vitesses? Toujours pas de vacances « chrétiennes » pour nous cette année ! Nous nous contenterons de nous mêler aux païens et d’en évangéliser quelques uns.

« Et qui est mon prochain? », demandait le docteur de la Loi à Jésus, pour l’éprouver…

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2 Herve-P 26 février 2010 à 9 h 02 min

— Tiens : j’avais posté un article similaire dans ce post-là :
https://blogdei.com/index.php/2009/03/31/la-campagne-d-evangelisation-et-la-conference-de-pentecote-2009-a-bercy-vendue-10-euros-la-soiree-en-billeterie-fnac
, mais je vais le recopier ici :
— (Je vais être une fois de plus très dur : en effet, je ne suis pas là pour plaire à l’homme, mais à Dieu !)
Esaïe 2, 22 : «Retirez-vous de l’homme duquel le souffle est dans ses narines; car quel cas mérite-t-il qu’on en fasse?»
— Cessons donc de ne compter que sur les « organisations » humaines ! Dieu n’est-Il pas capable d’envoyer Sa Guérison même sur une seule personne isolée au milieu de tant de gens incrédules et méchants ?!?… Et pourquoi « courir » après un prophète « de Dieu » quand le Seigneur est «comme l’éclair qui brille de l’Orient à l’Occident» ?
— Seulement les « chrétiens » courent « comme des lapins » vers le premier « homme de Dieu » venu (Beau menteur celui qui vient de loin !) sans se poser de questions et, surtout, sans vérifier dans la Bible que :
2 Corinthiens 11, 14-15 : «Et cela n’est pas étonnant: car Satan lui-même se déguise en Ange de lumière. Ce n’est donc pas un grand sujet d’étonnement si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice; mais leur fin sera conforme à leurs oeuvres.»
— D’ici que ce soit Satan et non Dieu qui envoie ses « sbires » pour perdre les gens au lieu de les sauver, il n’y a pas « des kilomètres » !…
— De plus, Dieu n’est pas d’accord : s’Il envoie quelqu’un, Il sait pourvoir à ses besoins : le ministère de Paul est là pour en témoigner ! Ceux qui demandent de l’argent pour une « bénédiction » font HONTE à Dieu, qui DONNE GRATUITEMENT Son salut à ceux qui le recherchent dans la repentance et la prière ! Et même mieux :
Esaïe 55, 1-2 : «Hola, vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux, et vous qui n’avez point d’argent, venez, achetez, et mangez; venez, dis-je, achetez sans argent et sans aucun prix, du vin et du lait. Pourquoi employez-vous l’argent pour des choses qui ne nourrissent point? et votre travail pour des choses qui ne rassasient point? écoutez-moi attentivement, et vous mangerez de ce qui est bon, et votre âme jouira à plaisir de la graisse.»
, Il leur donne aussi à manger et à boire pour leurs corps !!!
— Chiche ?…

— Et je continue : le chrétien qui ne reçoit pas sa guérison a plus de foi que celui qui « trvaille » à voler l’argent des autres sous forme de dîme ! Car le Seigneur a bien dit :
Marc 14, 6-7 : «Mais Jésus dit: laissez-la; pourquoi lui donnez-vous du déplaisir? Elle a fait une bonne action envers moi. Parce que vous aurez toujours des pauvres avec vous, et vous leur pourrez faire du bien toutes les fois que vous voudrez; mais vous ne m’aurez pas toujours.»
— Si Dieu laisse exprès des gens pauvres dans Son Église, c’est bien pour nous éprouver !
— Sincères amitiés fraternelles et toutes bénédictions, au Nom de Jésus-Christ !

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3 stephanzr 27 février 2010 à 6 h 10 min

Il y a sans doute des chrétiens aisés (jouissant des plaisirs et des biens matériels) pour qui il n’est pas évident de réaliser que d’autres chrétiens se contentent du strict nécessaire, soit « le vêtement et la nourriture »…

De plus je suis sidéré de ne pas voir plus les églises s’investirent dans le « social »!
C’est quand même un appel(*) solennel de Jésus que de prendre soin des pauvres, des malades, des nécessiteux, etc.
(*) Un appel que je pense à la fois collectif et individuel (voilà pourquoi je parle ici des églises)

On est très fort pour écouter des prédications, chanter des cantiques, et s’émerveiller de la parole de Dieu… mais quand il faut mettre en pratique c’est comme si l’on devenait subitement autiste.

Ce n’est pas un message de condamnation! Nos bonnes oeuvres ne pourront rien ajouter à notre salut, celui que Dieu nous offre par son Fils et que nous recevons par la foi…
Mais je crois que son coeur pleure de voir les malheureux souffrir, et aussi de voir ses enfants rester les bras croisés, occupés à des futilités, des plaisirs du monde et autres dérivatifs, pendant que les vrais problèmes demeurent non traités.

…que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.

Philippiens 1. 9 à 11

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4 FortheSon 23 avril 2010 à 10 h 11 min

« Décidément, qui peut se payer cela? Voyons-nous un christianisme bourgeois à deux vitesses?  »

Certes.

Toutefois on peut se demander à qui la faute en revient vraiment.

En effet, mettons nous à la place des organisateurs de tels sejours : ils ont eux aussi des impératifs financiers.

Ne pourrait on imaginer que l’assemblée prenne en charge ses pauvres ?

Oui, ce que je vois, ce ne sont pas forcément des organisateurs avides,

mais bien plus souvent des assemblées de pharisiens.

Il semble bien loin le temps des Actes, où tout était mis en commun….

Bénédictions en Christ

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