Une soeur iranienne raconte comment Dieu l’a gardée dans la tristement célèbre prison d’Evin

121 lectures, par nicolas le 9 mars 2010 · 3 commentaires

dans la rubrique Christianisme, Persécution des chrétiens, Témoignages divers

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NDLR: J’ai demandé à une soeur qui a connu l’emprisonnement pour sa foi de nous témoigner ce que l’on peut ressentir intérieurement dans de telles circonstances. Que le Seigneur, qui est fidèle, soit glorifié.

Seigneur, ma vie est dans Tes mains, pas dans les leur!

En lisant la Bible, les Actes des apôtres prirent subitement une importance particulière à mes yeux et je me demandais pourquoi. Je fus conduite à en lire le chapitre 12 et plus particulièrement l’emprisonnement de Pierre et sa délivrance miraculeuse. Je me demandais ce que cela voulait dire et ce qui allait se produire.

Lorsque j’avais 15 ans, nous avions subi des attaques des services de renseignement du pays, par le biais du système éducatif. C’était la fin de la guerre des 8 ans et les autorités voulaient se faire de la publicité au niveau international. A cette époque, notre famille fut la cible indirecte du gouvernement: notre refus de participer à toute forme de propagande nous couta notre adolescence.

A l’âge de 20 ans, j’avais été arrêtée par la police secrète du pays. Un interrogatoire d’une journée où ils m’interdirent de parler de ma croyance publiquement. Au cas où je n’obéirais pas, le prix à payer serait grand: ils arrêteraient mon pasteur ainsi que d’autres membres de l’église.

Des années s’écroulèrent et, en décembre 2006, à 7 heures du matin, la sonnette déchira le silence et nous réveilla. Nous demandâmes: « Qui est-ce ? » « Est-ce ici bien la maison de monsieur XXX ? », nous répondit-on. « Oui ». « Est-il là? » Et nous répondîmes: « Non, qui êtes vous? »

J’ai de suite su de quoi il s’agissait lorsqu’on nous dit: « Nous vous prions de descendre. Nous avons des questions à vous poser. » Je suis descendue et j’ai ouvert la porte. Quatre personnes étaient là, dont une femme portant un voile noir. Le monsieur qui parlait avait l’air plutôt calme et conciliant: « Pouvez-vous nous dire votre nom ? »

Après avoir entendu ma réponse, il me regarda et dit : « Vous êtes aussi dans la liste. Nous avons l’ordre de vous arrêter. » Je demandais alors de lire moi-même le mandat d’arrêt. Effectivement, mon nom y était. Ils ajoutèrent qu’ils voulaient voir la maison. Ils vérifièrent tout et prirent tout ce qui concernait la littérature chrétienne ainsi que les photos, CD, Vidéo et l’ordinateur, après avoir interrogé mon petit frère ainsi que ma mère.

Ils me demandèrent alors de les suivre. J’ai demandé à ma famille de rester calme et j’ai suivi les deux hommes qui me firent entrer dans une Peugeot 406. Dans la voiture, assise à l’arrière, j’ai fermé les yeux quelques secondes et je me suis mise à prier : « Seigneur, ma vie est entre tes mains… pas dans les leur. Alors protège-moi ».

La célèbre prison d’Evin est située dans un quartier réputé du nord-est de Téhéran portant le même nom. Les deux hommes essayaient de paraître détendus. Durant notre discussion à la maison, j’avais fait des remarques sur le comportement des services de renseignement envers la population. J’avais parlé aussi de la mort sous la torture de la journaliste Zahra Kazemi dans cette même prison d’Evin.

Ils me demandèrent si j’avais peur et pour quelle raison. Je leur répondis: « Le seul bienfait que vous puissiez me procurer, c’est la nature que je peux voir par les fenêtres. Vous savez très bien ce qui se passe derrière les murs de la prison d’Evin ».

Je n’entrerai plus dans les détails: j’ai du promettre aux services de renseignement de ne pas raconter les événements qui se sont déroulé à l’intérieur de la prison. Je me bornerai donc à parler des évènements qui se sont produits à l’intérieur… de moi-même !

Au début, je me suis retrouvée seule, enfermée dans une cellule froide et humide. Il y avait un petit chauffage dans un coin, avec des couvertures. Il faisait froid et je me demandais comment j’allais vivre mes journées. Y étais-je pour longtemps ? J’ai demandé une Bible. Mais la bibliothèque de la prison n’avait pas de Bible.

Je ne me sentis pas troublée. J’étais calme et sereine. Je commençais à comprendre pourquoi j’avais été poussée à lire les Actes des Apôtres. Je me disais que je devais attendre un Ange, qui ouvrirait ma porte comme celle de Pierre et qui me dirait de le suivre. Ainsi, je m’imaginais que j’allais traverser la cour de la prison d’Evin et que je serais conduite jusqu’à la frontière du pays…

Je connaissais de réputation la fameuse section 209 de la police iranienne et je savais par conséquent que les portes étaient verrouillées à double-tour ! Je me disais : « Nous vivrons de nouveau le miracle de Pierre « .

Contrairement à ce que je croyais au début, tout était calme. Mon cœur et mon esprit étaient calmes. Pas de bruits, pas d’anges ni de peurs ! Je jouissais d’une protection totale. Je passais mes journées à prier, à chanter et à réfléchir aux belles choses de ma vie, dans mon petit coin, sous mes couvertures. Lorsque je fermais mes yeux, je me souvenais des bons moments de ma vie, du visage de ma nièce, des instants des bonheur…

Je peux vous affirmer que cela ne venait pas du fond de mon esprit. Je ne suis pas douée pour me vanter et prétendre que ce sont mes propres qualités qui m’offrirent cette paix. Mais ces 11 jours complets dans une cellule froide et humide furent un temps béni durant lequel je sentis que j’étais une fille de Dieu.

Dieu m’apaisa. Il ne dit rien de particulier. C’était comme s’Il m’avait pris dans Ses bras et caressait mes cheveux pour me calmer. C’est alors que je Lui ai demandé de me garder calme et sereine jusqu’au bout… même si mes geôliers avaient l’intention de m’exécuter : « Seigneur, donne-moi la force de ne pas avoir peur et de chanter lorsque je sentirai la corde autour de mon cou ».

En une circonstance, des larmes coulèrent de mes yeux. C’est lorsqu’ils me firent croire qu’ils avaient fait du mal à mon frère. Je croyais ne plus jamais le revoir. Ils avaient tellement répété, avec force ironie et méchanceté, qu’ils ne savaient plus où il était que j’étais persuadée qu’ils l’avaient exécuté.

J’étais là depuis 11 jour. Au lieu de me libérer comme promis, ils me transférèrent dans la prison principale. J’étais convaincue qu’ils avaient exécuté mon frère et qu’ils me transféraient dans cette prison pour que j’y reste plus longtemps.

La directrice de la prison principale se moqua du motif de mon arrestation : « Est-ce possible mademoiselle, qu’ils vous aient arrêtée juste pour cela ? ».

A la demande de la section 209, je devais être gardée dans une cellule close et confinée. Mais la directrice s’y opposa fermement : « Qu’a-t-elle fait pour cela? Il me faut un mandat du Juge si vous voulez vraiment qu’elle y aille. En attendant, elle sera traitée comme une prisonnière normale ». Ce n’est que plus tard que les autres détenues m’apprirent que ces cellules étaient réservées aux prisonniers dangereux: si j’étais avais été envoyée, j’y aurais laissé ma santé et ma ma vie-même, dans l’oubli complet.

Une semaine s’écoula et je rencontrais des gens, j’étais respectée sans faire le moindre effort. Des membres de plusieurs bandes me racontèrent leurs secrets et la plus dangereuse des femmes tenta de m’attaquer. Mais comme par miracle, quand je lui répondis, elle me regarda, tourna la tête et plus tard devint amie avec moi. Ce n’est pas l’héroïsme mais la protection divine qui me garda durant mes 17 jours de prison.

A ma libération, alors que je racontais ces choses à ma famille et aux membres de l’église, ils me dirent qu’au même moment ils recevaient de prier pour moi dans différentes directions. Dans une de leurs prières, ils demandaient que les autres prisonnières me respectent et ne me touchent pas. Qu’elles aient peur de me faire du mal et m’avertissent du danger.

La prison des femmes est célèbre pour ses violences internes: coups de couteau, vol, drogue, bagarres entre gangs. Un autre témoignage: durant mon séjour, les autres prisonnières affirmèrent que notre chambre de 18 personnes était la plus calme et la plus agréable. Dans notre chambre se trouvaient au moins 8 femmes condamnées à mort pour meurtre ou pour vente de drogue. Le premier jour, j’ai été témoin d’un combat avec l’arme blanche. J’ai prié pour le calme de la prison, et mes frères en dehors reçurent de prier dans la même direction sans que je leur en parle.

Une autre de leurs prières était que la direction de la prison me voie différemment et ce fut le cas. J’ai aidé les autorités à traduire des femmes étrangères qui vivaient une situation catastrophique au sein de la prison et devaient se faire soigner. Personne ne comprenait leur accent mais, comme par hasard, je comprenais très bien ce qu’elles disaient. Au moment de ma libération, la directrice et ses adjointes me souhaitèrent une vie heureuse et paisible.

Une de leurs prières, enfin, était de demande que personne ne me touche. Il existait des cas de viol entre femmes en prison et j’ai personnellement été gardée lors d’une attaque !

J’ai été libérée après 17 jours. Durant mon séjour au sein du pénitencier d’Evin, j’ai connu des jours extrêmement difficiles. Les tortures n’étaient pas physiques mais plutôt psychiques. Mes multiples passages devant le tribunal et les séances d’interrogatoire par la section 209 resteront gravés à jamais dans ma mémoire et y laisseront des traces profondes. Mais je m’interroge: si notre Dieu ne m’avait protégée, qu’en serait-il advenu de moi?

Mon Dieu m’a envoyé son ange qui m’a protégé jusqu’à ma libération.


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1 Michoud Myriam 10 mars 2010 à 10 h 43 min

Que Dieu bénisse puissamment notre soeur et l’utilise pour Son royaume . Qu’Il nous inspire par son Esprit, dans la prière pour nos frères et soeurs persécutés.

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2 Herve-P 10 mars 2010 à 12 h 03 min

“Mon Dieu m’a envoyé son ange qui m’a protégé jusqu’à ma libération.”
— Ça me rappelle un passage de Daniel, ça :
Daniel 6, 16-23 : «Alors le Roi commanda qu’on amenât Daniel, et qu’on le jetât dans la fosse des lions. Et le Roi prenant la parole dit à Daniel: Ton Dieu, lequel tu sers incessamment, sera celui qui te délivrera. Et on apporta une pierre, qui fut mise sur l’ouverture de la fosse, et le Roi la scella de son anneau, et de l’anneau de ses gentilshommes, afin que rien ne fût changé touchant Daniel.
Après quoi le Roi s’en alla dans son palais, et passa la nuit sans souper, et on ne lui fit point venir les instruments de musique, il ne put même point dormir. Puis le Roi se leva de grand matin, lorsque le jour commençait à luire, et s’en alla en diligence vers la fosse des lions. Et comme il approchait de la fosse, il cria d’une voix triste: Daniel, et le Roi prenant la parole dit à Daniel: Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, lequel tu sers incessamment, aurait-il bien pu te délivrer des lions? Alors Daniel dit au Roi: Ô Roi, vis éternellement. Mon Dieu a envoyé son Ange, et a fermé la gueule des lions, tellement qu’ils ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé innocent devant lui; et même à ton égard, ô Roi! je n’ai commis aucune faute. Alors le Roi eut en lui-même une grande joie, et il commanda qu’on tirât Daniel hors de la fosse. Ainsi Daniel fut tiré hors de la fosse, et on ne trouva en lui aucune blessure, parce qu’il avait cru en son Dieu.»

— Le Seigneur a protégé notre sœur iranienne et a “fermé la gueule” des “lions” de la section 209 ! Et nous, que ferions-nous à sa place ?…
— Sincères amitiés fraternelles et toutes bénédictions au Nom de Jésus-Christ !

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3 nicolas 13 mars 2010 à 20 h 58 min

Amis de blogdei,

Un message concernant l’Iran vous a été transmis par e-mail.

Merci de lui donner une suite favorable.

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