Y a-t-il encore des Zola pour défendre nos frères iraniens en danger de mort? Le point sur leur situation

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Ndlr: Merci à notre frère Philippe (nom d’emprunt) pour cet article. Il nous précise qu’un frère supplémentaire a été arrêté à Rasht et que tous ont été jugés et condamnés pour apostasie (abandon de l’islam, crime puni de mort en Iran). Il semblerait que depuis mercredi dernier, ils aient été de nouveau tous appelés à comparaître devant les juges. Changement de situation? Accélération de leur sentence? Pour le moment, nous n’en savons rien: PRIONS !

Dialogue interreligieux en Iran

L‘Iran, c’est un fait qui n’est plus à démontrer, est un pays de dialogue et d’ouverture promouvant la diversité culturelle dans le monde. Rien de plus naturel quand on sait que le dialogue est l’essence même de l’islam! Pour le prouver, l’ancien président Khatami, avait lancé, au cours de son premier mandat, l’idée d’un dialogue intercivilisationnel pour contrer la prophétie huntingtonnienne du clash des civilisations. Dans le même ordre d’idées, l’ «Ordre de la République Islamique d’Iran» qui s’est toujours voulu à l’avant-garde d’un dialogue décomplexé entre «religions du Livre» s’est fait l’hôte de dizaines de colloques interreligieux, cadre d’échanges entre théologiens chrétiens et musulmans.

L’ouverture allant au-delà du contexte strictement religieux, l’Ordre est souvent allé, dans la personne de Mesbah Yazdi, père spirituel d’Ahmadinejad, à la rencontre des philosophes occidentaux, invités à Téhéran et hébergés comme les théologiens chrétiens aux frais de la princesse dans des hôtels de luxe du Nord de la capitale. Qui ne se souvient de la rencontre émerveillée d’un certain Michel Foucault avec la révolution islamique? De la conversion de Roger Garaudy, accueilli en grandes pompes en Iran, terre de liberté et d’échanges par excellence?

Il y a Evin et Evin…

Les minorités religieuses iraniennes ne semblent connaître ni l’émerveillement vécu par certains philosophes venus à la rencontre de l’altérité islamiste ni la chance d’être logés dans des hôtels de première classe. A côté de l’hôtel Evin où logent les invités d’honneur de la République islamique, il y a un autre «hôtel» Evin, un peu plus loin où a été logé le pasteur Dibaj, forcément contre son gré, durant plusieurs années avant d’être assassiné, « en liberté ».

Le dialogue interreligieux

Des membres du collège national des pasteurs de l’Eglise d’Iran viennent d’expérimenter encore une fois les fruits de cette politique de dialogue et d’ouverture prônée par Ahmadinejad. Contactés par les services de Renseignements de Chiraz, suite à une rafle policière de Noël dont ont été victimes les chrétiens de la province le 8 janvier dernier, deux membres du collège pastoral ont d’abord consulté les responsables des Renseignements à Téhéran pour savoir ce qu’ils devaient faire. La réponse de Téhéran a été des plus rassurantes: « ils veulent des explications à Chiraz, vous pouvez y aller tout se passera bien», a-t-on répondu au pasteur Behrouz Khanjani. C’est que l’Église d’Iran, comme d’autres églises protestantes, se doit de donner des rapports aux autorités iraniennes. Cela fait désormais près de 20 jours que «les négociations» se poursuivent dans les cellules sombres des services des Renseignements à Chiraz. Jusqu’à présent, la seule information sur le contenu de cet échange interreligieux est qu’à la suite d’un procès sommaire style «début de la révolution», les chrétiens ont été reconnus coupables d’apostasie au mépris de leurs droits. En vertu de la charia «l’apostat doit être tué». Le terme «ghatl» utilisé autorise des assassinats et des attentats.

«La Constitution, vous pouvez l’oublier».

Le fait que cette sentence ne se base sur aucun texte juridique inquiète d’autant plus que l’avocat, maître Sarbazi, n’a pas été autorisé à assister les prisonniers. Comme a tenu à le souligner l’avocat la notion d’apostasie n’existe pas dans le code pénal iranien et les tentatives de l’introduire dans la réforme du code pénal n’a pas été couronné de succès. Le vingt-troisième principe de la Constitution iranienne est d’ailleurs explicite à ce sujet: «Le délit d’opinion est proscrit et nul ne peut faire l’objet de blâme et d’admonestation en raison de ses opinions». Dans les locaux des Renseignements, il n’est pas rare que l’on signifie à celui qui proteste qu’il ne saura se prévaloir de la Constitution. «La Constitution, vous pouvez l’oublier», a-t-on rétorqué, il y a quelques années, à un prisonnier chrétien.
Les juges évoquent l’usage de fatwa par rapport aux personnes renonçant à l’islam mais, là encore, on est loin de l’unanimité parmi les oulémas. Remis dans son contexte historique, le terme « irtidad » traduit par apostasie semble s’appliquer à ceux qui réintégraient le polythéisme arabe. Le terme «irtidad» suggère d’ailleurs un retour en arrière. Cela s’inscrit dans un contexte de conflits militaires au sein du clan qurayshite divisé, à l’époque, entre musulmans et non-musulmans. Pour les oulémas qui étudient froidement le texte et les traditions, sans se laisser guider par des instincts de conservation, il ne peut être question d’irtidad quand le choix s’opère au sein «des religions du Livre». Les versets coraniques dirigés contre les juifs et les chrétiens, aussi virulents soient-ils, ne peuvent être pris en compte dans la définition de l’apostasie.

« Point de contrainte en religion »

Ce verset, dans sa traduction classique, est souvent présenté en Occident comme une des preuves de la tolérance islamique vis-à-vis des altérités religieuses. « On ne naît pas musulman on le devient après avoir opéré un choix dictée par la raison » se plait-on à ajouter dans les milieux proches du régime. A l’aune de la persécution expérimentée par les chrétiens durant les 30 ans de règne l’ordre islamique, il semble, aux yeux de certains responsables, que cette liberté se situe dans l’espace restreint entre l’islam passif de la majorité et l’islam éclairé des partisans du régime.

Un acte de virilité

Pour de nombreux analystes, les éléments extrémistes du pouvoir estiment qu’à l’heure où la tension politique monopolise l’attention des médias, la répression de quelques milliers de chrétiens passera forcément inaperçu. C’est pour eux le temps ou jamais d’avancer vers une solution finale. Pour eux, l’opinion chrétienne est trop divisée pour pouvoir permettre un dépassement des clivages doctrinaux susceptibles de fédérer une action commune. D’autre part, dans un contexte de fragilisation du pouvoir suite à la grogne de la rue, en frappant les chrétiens, le pouvoir entend envoyer un message fort à l’opposition: «Si nous réprimons des chrétiens souvent apolitiques, nous ne manquerons pas de réprimer dans la plus grande toute tentative de réprimer le régime». Pour la même raison qui fait ignorer la répression des chrétiens, il n’est pas certain que le message voulu passe.

La communauté chrétienne attend une ferme condamnation de la violation de ses droits d’exister. Voudra-t-on encore se taire comme on l’a fait pour des millions de juifs? Nous espérons que l’expérience amère de la shoah, aura quelque peu réveillé les esprits. Y a-t-il encore des Emile Zola pour s’élever contre la négation des droits des autres?

Liste des personnes arrêtées pour leur foi en Christ

à Rasht

• Youcef Nadarkhani (Rasht)
• Davoud Nejatsabet (Rasht)
• Shahin Taghizadeh (Rasht)

à Shiraz

• Parviz Khaladj (Shiraz)
• Mehdi Furutan (Shiraz)
• Iman Farzad (Shiraz)
• Behrouz Sadegh-Khanjani (Teheran)
• Abdol Reza Ali Haghnejad (Bandar-Anzali)

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Version anglaise de cet article

Iran, not to present anymore, is a country of dialogue and openness promoting cultural diversity in the world. As a matter of fact, the former president Khatami launched, during his first mandate, the idea of a inter-civilisation dialogue aiming to counter Samuel Huntington prophecy about the clash of civilisations. In the same manner, « the order of the Islamic republic of Iran » which always tried to be the avant-garde of a fair dialogue between « religions of the book » has hosted many inter religious symposium, frame of interchange between christian theologians and Muslims.

Beyond a strictly religious context, the order through Mesbah Yazdi, the spiritual father of Ahmadinejad, met with western philosophers invited as christian theologians to Tehran. The guests had the privilege to be hosted in one of the most luxurious hotel in the northen part of the capital city. Who does not remember the amazing discovering of a certain Michel Foucault with the Islamic revolution ? What about the conversion of Roger Garaudy, welcomed with fast in Iran, land of freedom and exchange in excellence ?

Two Evin …

Unfortunately, Iranian religious minorities are neither sharing the same experience with the guest philosophers, nor are they getting the chance to be hosted in first class hotels. Because, not far away, just beside Evin hotel where important guests of the Islamic republic are hosted, it is possible to find another Evin hotel, place of detention for many years , against his own will, of pastor Dibaj. This was before being assassinated « while enjoying his freedom ».

Inter-religious dialogue

Once again, members of the pastors national college of Iran are experiencing the results of the dialogue policy and opening preached by Ahmadinejad. Not long ago, after a police raid against Christians during christmas period , precisely on the 8 Th of January, two pastors, both members of the pastoral college took the initiave to consult the persons in charge of the Tehran intelligence services in order to know the best step to be taken. The response of Tehran was reassuring: « All they are explanations, you guys can meet them, everything will be alright ». It means, the church of Iran, along with other protestant churches, has to give account to Iranian authorities. From now on 15 days have past, while « negotiations » continue in dark rooms of Chiraz’ intelligence services. The only information available as for now , is that after a brief trial, Christians have been held guilty of apostasy regardless their rights. Thus, in accordance with the Sharia « the apostate must be executed ». The word « ghatl » used authorises assassinations and attacks.

Gap in the law

The situation is bothering because of the fact that the decision taken is not based in any written law , all the more so the lawyer Sarbazi was not authorised to assist prisoners. The same lawyer underlined the fact that the notion of apostasy does not exist in the Iranian penal code and the attempts to introduce it into the reform of the penal code have failed. The twenty-third principle of the Iranian constitution is explicit on the topic : « opinion offence is banned and no-one can be blamed and admonished because of his opinions ».

Judges on their side evoke the use of fatwa for this matter, but still, there is no unanimity among the Ulemas. In the historical context, the term « irtidad » translated as apostasy used to be applied only against those who reinstate Arabic polytheism. The term « irtidad » suggests a back action. It is valid in the context of military conflicts within the qurayshite clan divided between Muslims and non-Muslims. According to the Ulemas who read the law and study traditions, they can’t be irtidad when the choice is used within « religions of the book ». It means, Koranic verses used against Jews and Christians are not included in the definition of apostasy.

A virility act

According to many analysts, some extremists in the government are convinced that as the actual political tension has caught medias’ attention, the repression of a good number of Christians will go unnoticed. They believe it is time for them to move towards a final solution. They think that the christian opinion is so divided that he is not ready to go beyond doctrinal cleavages likely to lead them into a common action. On the other hand, by doing so, the government plans to send a strong message to the opposition through the arrest of the Christians as : « if we are suppressing Christians often apolitical, we will certainly suppress with greater measures all attempts against the regime ». But because of the ignorance about what Christians are facing, it is not sure that the message is transmitted.

Today, the christian community expects a firm condemnation against his rights. Would we like to keep quiet as it was in the case of millions of Jews ? We hope the bitter experience of shoah awakens some spirits. The question is : are there still some Emile Zola willing to fight the negation of the right of others ?

Mot-clefs: apostasier l'islam, apostate islam, dhimmitude, Eglise d'Iran, iran, Islam, Persécution des chrétiens, rasht, shiraz, tolérance

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