Résumé du livre L’Oeil du Tigre, la dramatique autobiographie d’un champion du monde de kung-fu emprisonné à Chypre

45 lectures, par nicolas le 28 novembre 2008 · 1 commentaire

dans la rubrique Témoignages de conversion à Jésus-Christ

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Dieu? Le plus grand scientifique



L’ŒIL DU TIGRE Par Tony ANTHONY – Éditions OURANIA – Prix à l’unité: 2€ (2 Éditions, 2006 et 2007, BP 128 CH 1032 ROMANEL/Lausanne) Références actuelles : www.avantiministries.com e-mail : résumé par Philippe Gold-Aubert (site web)

C’est la dramatique Autobiographie d’un champion de kung-fu qui ne connaissait pas la peur : il a été 3 fois champion du monde de kung-fu et jouissait d’une puissance quasi absolue. Depuis sa tendre enfance, la violence le possédait et allait provoquer sa perte pour le conduire en prison à Chypre et au carrefour décisif de sa vie.

Le chapitre premier raconte une scène en prison, comme d’autres détaillées plus loin dans le livre. Auparavant, le chapitre 2 nous présente l’historique du héros du livre.

Chapitre 2 – Déracinement total

Raconte son enfance. Sa mère, une chinoise peu affectueuse, qui pensait à se parer et à réussir matériellement, son père un Italien vagabond, rapidement gravement atteint dans sa santé.

Habitant une petite maison dans un quartier nord-ouest de Londres, âgé de 4 ans, il voit un beau jour entrer chez ses parents un chinois d’allure étrange et de méchante apparence : « Vite je me cache dans les jambes de mon père ».

– Entre Antonio, dit ma mère ».

Ça converse fort entre adultes, et soudain, le Chinois me saisit au poignet. Apeuré, je tente de lui échapper, mais il me tient fermement et ma mère me lance son retard autoritaire… elle donne à l’homme un petit sac… et nous descendons le chemin du jardin, laissant mes parents derrière nous.

Sans un mot, nous nous embarquons en avion pour la Chine : un voyage qui me parut interminable. A 4 ans, je suis trop jeune pour comprendre les problèmes de mes parents, mais ce dont je suis conscient, c’est de la haine que me porte ma mère… Qu’ai-je donc fait, cette fois? Je sais une chose, c’est que j’ai gâché sa vie, car elle me le dit souvent, et elle ne cesse de m’en vouloir.

Réveillé en sursaut, nous sommes arrivés dans un pays inconnu, des gens étranges, à la voix aigue. L’angoisse me saisit : qui est donc cet homme qui me tire après lui? Où m’a-t-il emmené? Je fonds en larmes. Chut, gronde l’homme, en enfonçant ses ongles dans ma peau. Soudain se tient devant moi un Chinois maigre, vêtu d’une ample veste de soie noire et d’une chemise au col montant. Plus tard, j’apprends qu’il est mon grand-père, mais à ce moment il ne sourit pas et ne me souhaite pas la bienvenue. Je suis hissé brutalement sur une charrette, et au claquement du fouet, nous nous enfonçons dans la nuit…

Arrivé dans une maison, par la nuit noire, je tremble de froid. Personne ne m’a encore adressé la parole. A 4 ans, je me trouve complètement seul dans un monde hostile et effrayant. Ici, la journée commence vers 4-5 heures du matin. Mon grand-père, que je dois appeler « Lowsi » ce qui signifie « Maître ou Professeur », entre tous les matins dans ma chambre et me frappe la tête avec un bâton de bambou… Il me surnomme « Lan han quilo », ce qui veut dire « petit diable étranger ». C’est sa façon de faire de moi un « vrai chinois ». Comme mes grands-parents ne comptent pas d’autre garçon dans leur descendance (à cette époque seuls les garçons sont censés porter chance) ils sont choyés particulièrement, comme de petits empereurs. Le problème, c’est que ma mère a épousé un étranger, un Italien né en Angleterre. Elle a été la honte de la famille, et je paye pour ce « sacrilège ».

Tous les matins, je dois suivre Lowsi dans la cour pour faire des exercices physiques. Au début, je regarde : il m’oblige à me tenir droit (dans le froid matinal) en inspirant par le nez et expirant par la bouche, un exercice ennuyeux et abrutissant… Il m’expliquera plus tard que ces mouvements sont du tai-chi, la discipline fondamentale du King-fu. Je découvre que mon grand-père est un grand Maître en arts martiaux; il est respecté de tous les gens du village. Notre maison est comme un Temple sur une colline, ouverte à tous.

Mon grand-père fait partie de la dynastie des Soo, descendant d’un des « Cinq vénérables ». Sa connaissance a été transmise de génération en génération jusqu’à lui, Chang Ling Soo. En tant que moine Shaolin, mon grand-père est fier de ses racines vieilles de cinq cents an. Je suis donc son seul espoir de pouvoir perdurer sa lignée et dois devenir un disciple initié et un guerrier imbattable. C’est un mélange de discipline spirituelle et de taoïsme. L’ancêtre du kung-fu fut le moine indien, Bodhidharma (Ta Mo pour les Chinois). Ses moines devaient, par ses exercices physiques, cultiver l’énergie intrinsèque du « chi » : (soit :respiration, esprit ou force de vie). Ainsi les exercices respiratoires que je commençais avec mon grand-père vont devenir la base de quelque chose d’extrêmement puissant.

Tout, dans ma vie, est dès lors lié au kung-fu. Mon grand-père m’impose beaucoup d’exercices aguerrissant mon corps. Je m’occupe aussi des animaux. Mes grands-parents possèdent des rizières, des animaux de la campagne nombreux, et je fais souvent mon travail seul, et en sécurité, loin des coups de Lowsi.. Et les courses au marché avec ma grand’mère sont aussi un divertissement. Même si elle n’est pas très chaleureuse à mon égard, elle m’apprend ainsi toutes les coutumes de notre peuple, avec ses nombreuses fêtes, les cycles de la lune, ses douze ans, chaque cycle est représenté par un animal. –Tu es né dans l’année du coq… Travailleurs et sûrs de leurs décisions… mais attention, les coqs peuvent être vantards et trop sûrs d’eux, mais ils sont aussi très courageux.

Au Nouvel An – la fête principale de l’année – je suis donc bien habitué à ma nouvelle vie, mais je reste un étranger pour tous ces gens qui me dédaignent. J’ai 6 ans, et cette offense (mon métissage) ne me sera jamais pardonnée, même parmi les enfants. Un jour au bord d’un étang, Tony raconte qu’un groupe d’enfants plus âgés le voyant y lancer des pierres l’ont entouré, frappé au sang en criant : « Allez, yeux ronds, dis-nous quelque chose… » et frappé par tous, il dut être conduit à l‘Hôpital, un bras et une jambe dans le plâtre. Mais les auteurs furent sévèrement punis, et même leur famille durent quitter la région : ce genre d’incident ne s’oublie pas chez les Chinois.

Chapitre 3 – Lo Fu Zal

De l’Angleterre, très lointaine maintenant, Tony ne garde que de vagues souvenirs. Son père priant parfois le « Notre Père qui es aux cieux… » Mais où est-Il donc ce Dieu d’amour? Je suis un enfant non désiré, un « diable étranger ». Il a 6 ans, mais tout son être bouillonne de révolte et de colère. Il ne veut plus supporter ces coups de bambous, sans cesse reçus par son grand-père.

Une nuit, suivant son retour de l’Hôpital, il décide d’agir. Descendant à pas feutrés dans la maison, il va dénicher un couperet de combat très aiguisé dans un grand coffre qu’il a repéré. Puis il monte dans la chambre de son grand-père et lève le couteau contre son corps endormi, en utilisant la technique enseignée pour rester calme… « Mais soudain, une très grande force s’abat sur moi… En une fraction de seconde, la main gauche de Lowsi me saisit le bras qu’il coince derrière mon dos. Puis, avec sa main droite, il me prend par le cou et m’envoie sur le sol… »

Il semble voir passer un sourire sur le visage de son grand-père, mais il sait qu’à ce moment il éprouve une fureur et une haine indicible contre lui… Battu sévèrement, il doit rester des heures nu dans les eaux glacées du torrent. C’est l’hiver… et il en perd connaissance, pour se réveiller encore à l’Hôpital, très gravement atteint. Dès lors, une dureté implacable s’installe en lui. Comme un cheval dompté et soumis à son maître, il veut devenir fort comme lui.

A 8 ans, il accepte donc le statut de disciple comme un privilège. Son entraînement passe à un niveau supérieur demandant 8 heures de travail par jour. Il apprend de nouvelles techniques et de nombreuses armes traditionnelles lui sont expliquées, fabriquées souvent devant lui par Lowsi lui-même. « Étant son disciple, je dois devenir compétent en tout ». A chaque instant, tu dois prévenir le coup de ton adversaire, dit son grand-père.

Lors des entraînements, 18 armes dangereuses classiques sont utilisées qui le blessent fréquemment, telles que épées, lances, fouets, etc. – « Je gagne en force et en agilité dans le maniement des massues à petits manches… Lowsi me fait travailler avec pendant des heures… fréquemment, les exercices se passent dans l’eau bouillonnante de la rivière . Concentre-toi, et fais disparaître la présence de l’eau par ton esprit… crie-t-il. Peu à peu, il repousse mes limites, et parfois me laisse accomplir seul maintenant tous les exercices.» Parfois, il doit continuer des heures et des heures au crépuscule, jusqu’à épuisement. Quand Lowsi revient, il ne m’adresse jamais un encouragement… « Mais je sens que je commence à gagner son respect. Les exercices physiques ne sont pas le seul aspect de mon apprentissage. Un véritable disciple de kung-fu se plonge aussi dans l’art et la science. J’étudie la calligraphie, les langues et l’histoire, et… je passe des heures à observer les insectes, les oiseaux et les animaux… « Il m’apprend à maîtriser un scorpion et des serpents, la technique du cobra, à les imiter et les dominer. Ainsi est-il continuellement en état d’alerte et développe-t-il son ouïe.

Un jour, en forêt, quelque chose bouge dans les broussailles : « C’est le tigre blanc » dit mon maître, il nous suit depuis un km. Viens-tu seulement de t’en apercevoir? » Il m’explique son mode de la façon dont il se déplace et traque ses proies, puis nous grimpons dans un arbre. – « Regarde, il va sûrement venir, il est curieux »… Après un long moment, il est là dans la clairière. – « Est-ce qu’il sait que nous sommes là? – Bien sûr, mais que va-t-il faire?…il écoute nos chuchotements et sent notre odeur… il est calme… je suis ébloui par la beauté de cet animal. » Dans les semaines qui suivent, ils vont observer souvent ce félin .Tu ne dois pas seulement comprendre la façon dont il se déplace, mais aussi la manière dont il pense et respire. Tu dois être capable d’anticiper ses mouvements. Alors seulement tu maîtriseras la technique du tigre. »

Un jour, Lowsi monte dans un arbre et me dit : – « Il te connaît, vas vers lui comme si tu étais l’un des siens… n’aie aucune criante, sinon il t’attaquera et tu mourras… » Retenant son souffle et se préparant mentalement, Tony avec une grande prudence pose son bâton : le tigre ne doit sentir aucun danger, il faut paraître détendu et sans peur… – En cet instant, il pose sa tête contre la mienne et me permet de toucher ses oreilles, comme le ferait un simple chat… Une branche craque; je perds ma concentration et reçois un coup de pattes; le tigre se dresse sur ses pattes. Je garde la tête froide, lui fais face, fixant ses pattes… et il se recouche dans les fougères… – Tu apprends bien, me dit Lowsi.

Depuis ce jour, il m’appelle « Lo Fu Zai », ce qui signifie « petit tigre ». La technique du tigre devient ma préférée.

J’apprends encore beaucoup de positions douloureuses, difficiles à vaincre. Parfois la douleur est insupportable, mais je ne peux, ni ne veux abandonner. Ces mouvements deviennent pour moi comme une seconde nature. Je les exécute sans même réfléchir. Lowsi me teste à tout moment (même la nuit). Un jour il me dit : «Je veux que tu écrives tout ce que tu as appris sur les techniques et positions du tigre. »

Après cela, Lowsi l’emmène assister à des combats, à divers endroits de Chine, du Tibet, et même du Pakistan. Un jour, à Hong-Kong, il assiste à un combat (illégal, mais sanglant) le « kumatai ». La foule déchaînée est assoiffée de sang.- Un jour, me dit-il, tu gagneras le kumatai. Je sais qu’il a raison.

Chapitre 4 – Ultime défi

J’ai 12 ans, quand mon grand-père m’annonce que je vais retourner en Angleterre. Je suis tout excité et… inquiet de vivre à nouveau avec mes parents… A l’arrivée de l’Aéroport, il m’explique que mon entraînement se poursuivra à Londres. « Je me suis arrangé avec la Fédération Internationale de Kung-Fu à Genève. Elle t’attribuera un professeur agréé et financera ton entraînement; je suivrai de près tes progrès et tu reviendras dans un certain temps. »

Certes, j’ai quelquefois refait des visites à mes parents à Londres, mais de brèves durées, durant ces 8 ans. Ils refusent toute information sur ma vie en Chine, et j’ai en plus des difficultés en anglais. J’ai cependant remarqué des petits larcins de ma mère dans les grands magasins… Papa était ingénieur dans l’audio-visuel et ses affaires allaient bien jusqu’alors. Mais à l’arrivée à Londres je découvre mon père dans un fauteuil roulant: il souffre de sclérose en plaque. Ma mère me reçoit froidement et me déteste toujours autant… Mes parents m’envoient à l’école pour perfectionner mon anglais.

Là, je me sens vraiment étranger. « Hé, yeux bridés, où tu vas comme ça, me crient-ils un jour en bande; je les ignore, bien déterminé à garder mon sang froid… L’un des principes du kung-fu est d’éviter si possible les conflits et de se limiter à une action de défense. « Allez chinetoque!…t’as trop peur de répondre… ». Leur chef se place devant moi. – Laisse-moi tranquille dis-je… mais il me donne un grand coup sur l’épaule gauche… Comme un éclair, je réplique, et lui écrase le nez. Il saigne abondamment et s’effondre… les autres s’enfuient. Je me sens bien. »

Bon élève, je suis peu sanctionné, et mon agresseur quitte peu après cette école. Je commence à devenir populaire. Tous me respectent maintenant. Ensuite, mon grand-père obtient de me faire poursuivre mes études de kung-fu à Genève, chez un M. Chang, homme enjoué et gentil dont je deviens rapidement l’instructeur adjoint. Un autre professeur, M. Sizer est chrétien, il enseigne l’instruction religieuse. J’éprouve du respect pour lui. Les diverses religions du monde m’intéressent, mais je suis convaincu que le vrai dieu est le dieu intérieur, le chu. Je garde cependant le souvenir d’une histoire de la Bible, celle où Abraham va offrir son fils en sacrifice, Isaac. Quelle obéissance envers son Dieu et quel courage!

Avec le soutien de la Fédération, j’ai l’occasion de voyager souvent par le monde pour des compétitions. La plupart sont en Asie, et j’y rencontre toujours mon grand-père.. Et chaque année je rentre en Chine pour 2-3 mois, pour continuer mes entraînements avec lui. A 17 ans, il me teste dans des combats réels. Un jour à Nanchang, il m’ordonne de me mettre en sous-vêtements dans une rue malfamée. Il suspend à mon cou un papier avec des injures et m’abandonne… Naturellement, un groupe de 8-9 délinquants me tombe dessus, et c’est la bagarre inévitable. La rue est étroite, et je peux les châtier un à un, en prenant la position du tigre. Enfin, les deux derniers s’enfuient, et je rentre avec Lowsi. Je mènerai plusieurs combats de ce type dans cette ville de Nanchang, durant quelques années.

Un jour, ma cousine Siu Ming, jeune fille jeune et jolie, est kidnappée par des proxénètes qui la contraignent à se prostituer. Je suis chargé d’aller la délivrer à Shanghai, dans une maison close appartenant aux triades. En entrant, elle court et s’accroche à moi. Un homme me l’arrache… – Vous devez la relâcher, elle appartient à la famille Soo de Canton, et demander pardon à mon grand-père » – - Mais toi, qui es-tu, yeux arrondis, répond-il, méprisant. Et, surgissent des hommes armés munis de couteaux. Je prends ma position de combat, celle du tigre… Les hommes sont gravement blessés, et je rentre avec ma cousine délivrée.

Peu après, le maître me prépare à passer le test du « Maître en kung-fu ». C’est une série d’examens oraux et pratiques, qui se terminent par le « test du tunnel », dont beaucoup ne ressortent jamais, tant il est dangereux. Ce tunnel se trouve dans une grotte très loin, dans la montagne des taoïstes. Les divers tests sont décrits par l’auteur, souvent épreuves d’agilité extrême… C’est par les mouvements du serpent que Tony les a franchis. Puis, c’est le test du couperet, où l’on doit marcher le long d’une longue lame tranchante, le sol étant rempli d’huile pour qu’on y glisse à coup sûr. Avançant sur la lame, un chien soudain aboie très fort, déchaîné. Il passe, mais plus loin ça continue… Tony passe tous les obstacles avec des arrêts de réflexion. Reste l’épreuve finale du chaudron rempli de limailles brûlantes. Il sent le roussi en le franchissant, mais le fameux tunnel est enfin terminé. Mon grand-père m’attend là, souriant : je suis honoré. Il m’offre une épée ornée. Désormais, je m’appelle « Lo Fu » Zai, et je porte le titre de « maître en kung-fu ».

Chapitre 5 – Nouvelle orientation

Maintenant confirmé dans l’art de ses ancêtres, Tony est convaincu de préserver le renom de la famille Soo. C’est de la période passée à l’école d’Ashrat Tae à Karachi au Pakistan, qu’il garde ensuite le meilleur souvenir. En ce lieu enseigne un collègue (et concurrent) de Lowsi, Ashraf, qui a développé des techniques de combats variées comme le « guerrier-singe », le « serpent enrouleur », et les techniques du dragon de la Chine du Sud. Son école est réputée, mais mon grand-père demeure sceptique quant à ses résultats. Il veut prouver que son éducation est supérieure en m’amenant dans l’arène. Je vais combattre l’un des plus grands élèves, Raant spécialisé dans la technique du « guerrier singe ». – J’entre sans recevoir d’applaudissements, tandis que mon adversaire reçoit les ovations de la foule. Pour moi, je prends ma position du tigre favorite, en la combinant avec celle du léopard, plus rapide, mais moins puissante. Raant utilise lui la position du cheval, mais je remarque le manque de précision de sa position… Nous nous approchons lentement, les yeux dans les yeux…

Le combat est décrit en détail par Tony…le suspense est à son comble. La foule crie. De ruse en ruse, et de douleurs sous les coups en douleurs diverses, il finit par le mettre out, ses yeux ont tourné et il s’est écroulé sur le sol. – « Je suis vainqueur, et j’ai gagné le respect et l’honneur de la foule, et les applaudissements de mon grand-père! C’est ma plus grande récompense. »

Un autre tournoi a lieu quelques mois plus tard au Pakistan. Je dois m’y battre contre l’oncle de Raniu, Adnan. Ce combat met beaucoup d’argent en jeu, mais n’est pas équitable à notre avis. Mon adversaire, les yeux dans les yeux, est expérimenté dans la technique de la grue des montagnes; il est déterminé et méchant. Il esquive facilement mes premières attaques, car plusieurs choses sont nouvelles pour moi. Le combat fut très dur et je tombais souvent gravement sous les attaques de la grue. Je me relevais et me reconcentrais chaque fois cependant. Finalement, j’arrivai à lui écraser un bras, ce qui le fit hurler de douleur et crier : « J’abandonne! » Ma victoire a procuré à mon grand-père une petite fortune, soit une année de revenus.

De retour à Londres, je fréquente encore l’école de M. Chang, mais j’enseigne maintenant. Je remets tous mes gains à mes parents, malgré leur attitude toujours aussi peu accueillante! Je suis toujours vainqueur dans les tournois, et on commence à parler de me présenter aux championnats du monde de kung-fu. Malgré mes réticences, je vais y participer 3 fois, une année en Thaïlande et deux à Hong-Kong. Vainqueur à tous, je reçois de fortes sommes d’argent. Je le donne à mon grand-père qui m’en rend une partie, que je donne en bonne partie à mes parents…

Dès lors je suis au travail direct pour la Fédération, et voyage beaucoup à travers le monde. Je suis engagé pour instruire de nouvelles recrues. On me fournit un véhicule et un appartement, rue de la Confédération à Genève, près de la Salle d’entraînement. La plupart des candidats sont d’anciens militaires costauds, qui doivent progresser dans le domaine de la défense et la protection des personnes. Ces hommes deviendront ensuite les gardes du corps des grands de ce monde, des plus riches et des plus puissants de la planète. Il y a une bonne camaraderie entre nous, mais malheureusement ils se droguent et boivent énormément. Cette formation me demande beaucoup de travail personnel, en particulier l’apprentissage de plusieurs langues nouvelles. Je réussis les examens avec de bonnes notes. Au bout de peu de temps, je peux prêter serment. La devise des gardes du corps est « Deus Solem Timidus » C’est Dieu seul que nous craignons… Cela me fait sourire, car je ne crains pas Dieu : il n’existe pour moi que le dieu intérieur!

Tony raconte ses débuts dans cette nouvelle profession, en particulier quand il a sauvé une riche hollandaise et son enfant, domiciliés dans une magnifique villa, en Suisse. Une bande est venue pour enlever le garçon. Malgré leurs fusils, appliquant la technique du tigre, il est parvenu à sauver cette femme et son fils, la police ayant été appelée simultanément par le personnel a capturé les agresseurs.

« Âgé de 20 ans maintenant, je progresse et suis trop sûr de mes capacités et avide de combat. Au cours des quelques années qui suivent, je gravis les échelons dans le domaine de la haute protection. Mes clients sont des personnes menacées de rapt, d’actes de vengeance ou de meurtre, et je suis demandé par certains des plus puissants de ce monde. Je suis devenu pendant plusieurs mois, le garde du corps de William Black, un riche homme d’affaires américain… et grand coureur de femmes. Les voyages sont très dangereux pour lui, surtout dans les pays défavorables aux Américains. »

Un jour, il a rendez-vous en Arabie saoudite, pour y rencontrer des actionnaires très importants. Ça ne dit rien qui vaille à Tony et son compagnon d’alors, Henry. Très inquiets, ils demandent conseils et aide le plus possible à la Secrétaire Sandra, du bureau de Genève, pour avoir le maximum de sécurité. Pas moyen d’éviter ce rendez-vous. Son instinct l’avertissait que ce serait très dangereux, cette mission le mettait vraiment mal à l’aise et arrivé à Riyad, son pouls s’accélérait…

Chapitre 6 – Course-poursuite en Arabie saoudite

Abdullah s’est organisé pour que le jet privé de William puisse se ranger dans la zone présidentielle de l’aéroport de Riyad. Deux Mercedes blanches nous y attendent…Henry et moi, en traversant la gare, sommes constamment aux aguets, craignant le pire… Je ne contrôle pas toute la situation, et je n’aime pas ça.

Bakchich… crient les porteurs, assez brutalement renvoyés … Les 2 Mercedes arriveront à bon port : l’Hôtel Méridien, où une luxueuse suite est attribuée à William. Levé de bonne heure, le lendemain matin, pour vérifier tous les contrôles de sécurité, ils ne trouvent rien d’anormal. La résidence des frères Fahall est encore plus luxueuse que l’Hôtel… et William reste continuellement sous le contrôle de ses protecteurs. Apéritif, discussions…puis les choses sérieuses commencent. D’abord calmes, puis peu à peu désagréables; enfin, l’un d’eux quitte la salle comme un ouragan…Les étrangers aussi quittent la pièce devant l’échec patent. En arrivant près des véhicules pour partir, 6 hommes à lunettes noires en costumes les attendent, et un 7e lance un ordre en arabe! Ils se séparent en 2 groupes et l’un d’eux monte dans la BMW noire, l’autre dans une autre voiture. – Roule, dis-je au chauffeur. La BMW nous suit aussitôt…

La BMW se place bientôt entre les 2 voitures, et suit de près la première où se trouve William et ses protecteurs. « Et notre chauffeur traîne… Alors, je saisis un revolver et le plaque contre la nuque du chauffeur, qui se met à gémir et à appeler Allah. ». La BMW ralentit , forçant la 2e Mercedes à s’arrêter, et une fusillade retentit, tandis que nous tentons une fuite…Mais je chasse le chauffeur qui voulait s’arrêter; Henry saute par-dessus le siège et prend le volant…Nous roulons à toute allure sur des routes poussiéreuses pleines d’obstacles (animaux, etc.). En menaçant l’interprète, nous essayons de trouver l’Ambassade anglaise… mais celui-ci les égare, et nous devons aussi nous en débarrasser!

Quittant la ville, c’est la route du désert. – Je réfléchis, cherchant un plan…Je connais bien un endroit en Jordanie…mais ce sont 800 km à parcourir, et le voyant d’essence est déjà allumé! Bientôt le véhicule s’immobilise, et il faut continuer à pied, dans un paysage sec et aride…et avec juste une bouteille d’eau. Après quelques heures de marche, voici la ville d’Harad, Ouf! Il fait sombre et froid, et William commence à frissonner…Dans une station d’essence, Tony peut atteindre Sandra, mais soudain leurs poursuivants arrivent et ils doivent s’enfiler dans les petites rues de la ville… Des tirs retentissent et Henry est touché, il est perdu. Courant de cours en cours, William pense que tout est fini : il n’en peut plus. Où est la solution? Aller vers le désert. Après avoir tué un agresseur, Tony réussit à trouver un feu de camp de bédouins qui les reçoivent… mais seulement pour 3 jours : – Ensuite, il faudra partir ou nous vous tuerons, c’est la loi bédouine! – « Mais ce soir, vous allez manger, boire et vous reposer avec nous .»

Deux jours passent, puis à chacun son chameau, contre quelques centaines de dollars, et les voici sauvés au Qatar, puis par bateau à Bahreïn, où ils reçoivent des faux passeports et des billets d’avions préparés par Sandra… William, à New York, me récompensera généreusement pour mon travail. »

Chapitre 7 – Désespoir et violence

« Comble d’ironie, dans le cadre d’une prochaine mission, je vais devoir assurer la protection d’Amin Fahed, l’ambassadeur en Arabie saoudite, au Royaume Uni et à Chypre! Amin devient mon principal client. Il est accro aux jeux, et court de gros risques avec beaucoup d’insouciance… Me voici maintenant le gardien le mieux payé de la Fédération. Je suis locataire d’un très bel appartement à Londres, où`mes parents vivent à mes dépens. Finalement, ma mère semble avoir la vie qu’elle a toujours désirée… Au cours de cette année 1985, je prends quelques semaines de congé…C’est par une belle matinée d’été que je retrouve ainsi Guerry, mon ami chinois, de Hyde Park. Nous avons étudié ensemble les arts martiaux à l’école de M. Chang. Nous louons une barque pour faire une promenade sur le lac…

Et voici, trois filles blondes dans une autre barque, non loin de là. L’une de leurs rames est tombée à l’eau… Bref! Les 3 sœurs Leah, Lena et Alya sont charmantes, et Tony s’éprend de la 3e, qui est aveugle, hélas. Mais elle est extraordinaire; étudiante en droit à l’Université de Londres malgré son infirmité! Ce soir-là Tony l’emmène au restaurant chinois, et ils deviennent rapidement inséparables…«Alya semble capable de voir profondément dans mon âme. Elle vient d’une famille merveilleuse et aimante, et elle donne l’impression de n’avoir aucun souci. D’une certaine manière, cette profondeur qui se trouve chez elle me révèle une solitude et un désespoir en moi, dont je n’ai jamais pris conscience. J’en suis troublé… Pour la première fois de ma vie, je me sens vraiment heureux.

Les trois années suivantes, Alya et moi nous nous fréquentons souvent. Je passe même des vacances dans sa famille à Stockholm… et Alya commence à parler de mariage. Je l’aime profondément … et j’aspire à une vie de famille normale, et régie par l’amour (comme la sienne) ». Mais… à Naples, pour sa prochaine mission avec Amin, son collègue l’appelle soudain au téléphone : « Tony, j’ai une très mauvaise nouvelle pour toi. Alya a eu un accident de voiture à Londres, elle a été tuée avec d’autres jeunes. » La fureur s’empare de lui, incontrôlable… Il fait des folies avec sa moto. Ses amis ne savent que faire, face à cette terrible colère qui le consume, et ils l’évitent…

Dans un bar, il rencontre une Roumaine prostituée, qui lui demande du secours, et pour la première fois, il cesse un moment de penser à lui. Ses parents l’ont vendue alors qu’elle avait à peine 16 ans, n’ayant pas les moyens de la garder chez eux. Repensant à sa cousine Siu Ming qu’il avait délivrée, il va aussi aider Rosanna. Dans la maison de prostitution, des hommes costauds patrouillent dans le corridor… – « J’impose ma loi et obtiens sans peine le passeport de Rosanna, et nous filons avec ma moto à mon appartement. Je refuse toutes ses avances, mais le lendemain je l’emmène à l’aéroport et lui achète un billet pour la Roumanie.

Retournant en ville, je repense à la façon dont j’ai brutalisé ces types. Je me sens bien. J’avais envie de les frapper à mort, jusqu’à sentir le goût de leur sang dans ma bouche. Chaque coup semblait soulager ma rage, mais j’en voulais toujours plus… Je sens une nouvelle soif en moi, un appétit de méchanceté, quelque chose dont je suis dépendant et que je ne contrôle pas.

Chapitre 8 – Pris au piège

Dès lors, Tony ne supporte plus la solitude. Il passe son temps dans les bars et les boîtes de nuit, à regarder les gens rire et se divertir, mais sans y participer. La rage le ronge et devient féroce dans son cœur. Mais Amin est impatient de le voir reprendre son travail et il lui demande de le rejoindre à Nicosie, où se trouve sa nouvelle résidence. Il part à la découverte de la vie nocturne de la ville et découvre des soldats qui stupidement s’enivrent auprès de lui… avec des filles. « La haine et la rage s’emparent de moi. Sans réfléchir, je fonce vers le comptoir et envoie mon verre sur un soldat qui le reçoit en pleine face. Il y a un grand tumulte … « Une dizaine de soldats l’attaquent, et il prend sa position du serpent pour sortir dans la rue où la bagarre sera plus aisée. L’un après l’autre, il les frappe au visage et les jette sur la macadam. « Assoiffé de sang, je me rue sur eux, leur éclatant le nez, leur brisant les os et les blessant de toutes sortes de façons… Je suis insatiable, jusqu’à ce que soudain. J’entende le hurlement des sirènes de la police. Alors je m’enfuis dans la nuit. »

Cet incident fut sans suite immédiate, et la colère le poussant, Tony fit encore diverses attaques pour satisfaire son client à qui certains devaient des sommes importantes. Après un bref séjour à Londres, au cours duquel ses parents lui font part d’un besoin de 30.000.- livres sterlings pour un nouveau traitement de la maladie de son père, le voici de retour à Chypre. Comment trouver cette somme importante? Devenu un véritable brigand, il se croit invincible et décide de cambrioler les grands riches qu’il côtoie si fréquemment dans les Hôtels de la capitale. Utilisant ses hautes capacités, il ne lui faut qu’une seule nuit pour ramasser la somme dont a besoin son père… Ses parents sont ravis.

En les quittant à l’aéroport, resté avec quelques amis autour d’un café; voici qu’un groupe de chrétiens vient évangéliser. Ils placent une grande croix devant eux, et son ami canadien Kevin se moque d’eux –« Oh! non, des chrétiens; ces militants de la Bible, ce sont partout les mêmes.» dit-il. La musique de leurs guitares terminée, un homme prend la parole au milieu des railleries de la foule. Il brandit une bouteille à la main et demande : «Qui veut cette bouteille de vin? » Personne ne répond. Il reprend plusieurs fois : « Allez-y, ce n’est pas un piège; ce n’est qu’une bouteille de vin. Elle est gratuite, c’est un cadeau… ». Espèce de fou dit Kevin, allez viens, on dégage. » . Mais Tony, bien que se moquant aussi de l’orateur, veut rester et finir son café. -Vas-y, je te retrouverai plus tard . Le prédicateur, un homme aux cheveux un peu longs, de mon âge, porte un tee-shirt et un bermuda. « Sûrement un étudiant, me dis-je. Enfin, une femme dans la cinquantaine s‘approche : – Je veux bien la prendre, dit-elle… « Vous voyez, dit le prédicant, il n’y a pas besoin de payer, c’est gratuit. Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous avancer et de la prendre!… « C’est exactement comme le cadeau du salut que nous offre Jésus . Il nous aime tous et son salut est un don gratuit. Tout ce que vous avez à faire c’est de l’accepter. Mais Dieu ne vous force pas. C’est à vous de décider. »

Cela me rappelle M. Sizer, mon prof de religion à l’école, à propos du mot « salut »… c’est abandonner tout le mal qu’on a fait et être pardonné, afin de pouvoir recommencer une nouvelle vie et d’être pur devant Dieu. « Il y aurait un sérieux nettoyage à faire dans mon cœur », me dis-je tristement. Le petit groupe se disperse et le prédicateur vient s’asseoir à ma table. Je me demande ce qu’il me veut, mais il semble être un garçon sympathique et je suis curieux. Martin me parle de son groupe, venu aider une église de l’endroit pendant quelques jours. Nous parlons, et je lui dis pourquoi je suis à Chypre. Ce Martin a quelque chose de spécial; il paraît authentique…il me dit qu’il aimerait que tout le monde connaisse Jésus, et que son but est d’aider les gens…Je n’ai pas l’habitude de fréquenter ce genre de personnes!

Au moment de lui serrer la main, quand il va partir avec ses amis, il hésite et me dit : « Pourquoi ne viendrais-tu pas avec nous ? Tu pourrais partager notre repas… » Interloqué… intrigué… j’accepte…mais bien décidé de les frapper tous, si je me rends compte qu’il y a quelque chose de louche. A l‘appartement, je découvre des jeunes accueillants, qui ne me tombent pas dessus pour poser un tas de questions. On mange ensemble dans la joie et les rires. – Viens avec nous, à notre église, m’invitent-ils enfin…

Mais je n’irai pas à leur église, car quelques jours plus tard, marchant dans la rue, une voiture de police m’accoste et m’emmène. –Vous ne pouvez pas me toucher ! dis-je, en montrant mon laissez passer de diplomate. Ils me menacent avec un vieux pistolet et j’en ris, méprisant… et je décide de jouer le jeu.

Au poste, Tony est pourtant incarcéré, et il demande en vain quelqu’un de l’Ambassade britannique. A 10 h. du soir, menottes aux mains, on l’emmène dans la salle des interrogatoires, où il se trouve devant un immense dossier d’accusations… Y figurent bien ses cambriolages d’Hôtels, mais aussi beaucoup d’autres qui ne le concernent pas. « J’admets les miens, mais refuse d’assumer les autres » dis-je. Ce qui met en rage le policier accusateur qui veut me soutirer un aveu global… Je ne parlerai plus, tant que je n’aurai pas eu l’ambassade au téléphone, dis-je ». Alors, il me frappe au visage… Je bouillonne de colère… Espèce de chien ! (je sens le goût du sang sur ma lèvre blessée) et je lui donne un grand coup de pied dans la tête qui le projette à terre. Instantanément plusieurs de ses collègues me tombent dessus et me remettent en cellule… où j’espère bien qu’Amin va me tirer d’affaire…

Mais non, et toutes les nuits les interrogatoires reprennent avec des coups toujours plus forts : c’est devenu un jeu pour ces hommes… C’est la méthode « bastinado », condamnée par la Convention de Genève…mais on frappe jusqu’à ce que l’accusé s’évanouisse de douleurs ; après 7 nuits de tortures, il ne peut même plus marcher. A la fin, le chef me menace de son révolver – « Vas-y, tire, si tu es un homme, lui dis-je… J’aimerais mourir. Depuis la mort d’Alya, ma vie misérable n’a plus aucun sens, et une balle dans la tête serait la bienvenue… »

Mais il vaut mieux quitter ce terrible endroit. Il demande d’être conduit à l’Hôpital, car il saigne de partout. On l’y conduit, et soigne ses blessures, avec de gros bandages aux poignets qui ne peuvent plus supporter les menottes… Son plan réussit : il s’échappe bientôt, et passe une nuit sur un toit, pour finalement téléphoner de son appartement pour trouver du secours par ses parents… Mais ils ont déménagé, sans même l’en informer !

– « J’ai le sentiment de sombrer dans un océan de solitude. »

Chapitre 9 – Dans les geôles de Nicosie

On sonne à la porte. J’ouvre. Un révolver est braqué sur mon visage…Finalement, je décide de coopérer, et j’avoue tous les cambriolages, même ceux des autres…Quelques jours plus tard un homme de l’ambassade britannique arrive. Mais les délits sont graves, et les grecs ne seront pas indulgents…On le conduit dans une cellule de transit, où il rencontre un grand Nigérien qui doit attendre pour un visa : « Tu sais ce que tu devrais lire, mon ami, dit-il en me tendant un livre avec enthousiasme. Je lis le titre : « Au seuil de l’Éternité » – De quoi ça parle? – C’est un témoignage du merveilleux amour de Jésus, répond-il.

Feuilletant le livre, Tony se rappelle les paroles de Martin, le jeune prédicateur, et les jeunes étudiants de Limassol. Bavarder avec ce Nigérien a calmé son esprit. Puis le Nigérian est libéré et la cellule lui paraît étrangement silencieuse… Alors la colère et la rage le reprennent et trouvant une vieille canette de Coca, il essaie de se suicider avec, sans y réussir. Dans la salle d’audience, malgré l’avocat grec que lui a procuré l’ambassade, il est finalement condamné à 3 ans de réclusion.

Les locaux sont très anciens et insalubres, les murs sont délabrés. On le conduit dans une cellule à 7 couchettes où des hommes demi nus sont étendus les uns sur les autres, et il a l’impression de devenir fou, parmi des fous… La panique le saisit, il arrache un matelas et la cellule se transforme aussitôt en champ de bataille. Mais un groupe de gardiens arrive et l’assomme à coups de matraque. Quand il revient à lui, il est dans une minuscule chambre en béton et se sent comme un animal en cage… Un chariot le fait sursauter; un gardien lui sourit; les jours passent; il connaît maintenant quelques gardiens (« varianos »en turc); il passe son temps à regarder les murs et à faire du tai-chi pour garder la forme… puis il est conduit dans un bureau miteux du bâtiment principal où il comparaît devant un grand homme galonné. Il l’informe que s’il reste calmé il sera installé dans l’aile B, dans une petite cellule individuelle… bien que sordide!

Durant la journée, les cellules sont ouvertes, et les prisonniers peuvent se promener dans les corridors. Ils sont en général d’origines grecque ou arabe. Il se lie avec Andy qui a fait des chèques sans provision et se trouve condamné à 2 ans de prison à Nicosie. Il connaît tous les prisonniers, parfois dangereux ou fous. Beaucoup ne sont plus que des cadavres vivants qui passent leur temps à fumer des cigarettes. –« Ca ira, mais si tu suis les règles, dit-il ». Après 2 jours, un visiteur arrive, c’est le Papas, où le prisonnier qui règne sur un groupe, et fait respecter « sa » loi. –« Salut l’anglais, dit-il en entrant nonchalamment dans ma cellule, sans permission, et il me passe la main derrière le dos. Sachant ce qu’il veut, je lui envoie mon coude dans la gorge. Il tombe à terre. Ses laquais s’enfuient et les varianos accourent… et me voici enfermé dans ma cellule. Mais le bruit court que « le nouveau a eu le Papas », et j’ai désormais le respect de tous et une réelle sécurité. Suivent divers récits concernant la description de certains prisonniers, puis, au bout de quelques semaines, il obtient un petit travail : apporter la nourriture dans certaines parties de la prison.

Chapitre 10 – L’étrange visiteur

En dépit des amitiés que je noue et la camaraderie qui règne entre les détenus anglophones, la prison est loin de me débarrasser de la violence de mon cœur. L’hiver est rude, mais court. L’été arrive vite…et la chaleur étouffante de la prison devient pénible…et la chaleur échauffe les esprits. Il y a de nombreux accrochages. Parfois des rixes peuvent démarrer pour une broutille, et tourner en bagarre générale… J’aime beaucoup cela et suis plus qu’heureux de pouvoir me battre!

-Tu n’as donc jamais de visites, me dit Andy un jour au petit-déjeuner.

- C’est parce que je n’ai personne. Et toi?

- Si, il y a ce Michael Wright de Belfast, qui fait partie d’un genre d’église; c’est une sorte d’âme charitable, tu vois le style. (Je pouffe de rire…) Ce que je veux dire, c’est, quand t’as personne d’autre, ça fait du bien d’avoir quelqu’un de l’extérieur…Je lui ai parlé de toi, et il serait heureux de te rencontrer. Je suis surpris : Comment puis-je l’intéresser? –Non, dis-je je crois que je n’ai besoin de personne.

Quelques jours plus tard, je reçois une lettre. C’est la première fois qu’il y a du courrier pour moi! Je suis tout excité, mais l’écriture sur l’enveloppe n’est pas celle de mes parents… Je l’ouvre. C’est ce type, Michael Wright. Il désire me rendre visite en ami, à cause de l’amour de Jésus! Je ris… Quel risque y a-t-il de le rencontrer? Après tout s’il se donne la peine de venir dans ce taudis puant, je ne peux pas faire autrement que d’accepter sa visite, juste une fois.»

La pièce de réception est pleine de détenus grecs qui parlent fort, ce jeudi suivant, quand il arrive, souriant, me tendant les mains, heureux de me revoir; méfiant, je suis sur mes gardes. Je commence à sentir la rage habituelle monter en moi… -« Tony, je ne suis pas là pour te faire un sermon, je suis là à cause de l’amour de Jésus. Tout le monde dans notre Église prie pour toi, et nous voulons te soutenir du mieux que nous nous le pouvons. » – Tout bouillonne en moi. Qu’y a-t-il dans cet homme pour que je sois dans un tel état? Enfin, il me dit : – J’aimerais revenir te voir, peut-être la semaine prochaine…Dieu te bénisse. Tony » Je le regarde partir : imbécile, dis-je à voix basse. » Exact au rendez-vous, il est là le jeudi suivant, et après 3-4 semaines, je réalise que j’ai hâte de revoir son sourire stupide. Michaël représente pour moi une fenêtre sur le monde extérieur. Il me parle des choses de la vie quotidienne, des pastèques qu’il aime, du nouveau snack de hamburgers qui vient de s’ouvrir à Nicosie… A travers ses nouvelles, je réalise à nouveau ce qu’est la liberté (même s’il lui donne un autre sens ) : il parle de la liberté en Christ ( je n’y comprends rien). En plus de ses visites, il m’écrit toutes les semaines, et il m’envoie aussi des lettres d’autres chrétiens de son église. Je les dévore, et bientôt il m’envoie aussi des livres, ce qui change de nos magazines pornographiques!

Cela dure six mois. Il prie toujours avant de me quitter. « Pauvre fou, me dis-je en le regardant sourire, les yeux fermés, il parle dans le vide comme si Dieu pouvait l’entendre! Parfois il a un empêchement, il envoie alors quelqu’un d’autre à sa place, comme Valérie, une charmante dame âgée, ou Richard , un ancien missionnaire au Liban. Sans en avoir conscience, le témoignage de ces amis commence à toucher mon cœur. Une telle sympathie envers quelqu’un qui ne le mérite pas me stupéfie… Mais je reste sur mes gardes : j’ai l’impression de devenir dépendant de ces nouveaux amis et cela ne me plaît pas. Un jeudi matin, le 3 mai 1990, je suis allongé sur ma couchette; je me suis réveillé fâché contre lui. Que me veut-il? Quel est son but? Il m’a donné une Bible, que j’ai lue un peu mais sans intérêt. Est-il en train de me faire un lavage de cerveau? Et comment ose-t-il me parler de liberté? Je dois le savoir… Il ne va pas m’embêter encore longtemps. Je vais lui parler.

- Qu’est-ce qui ne va pas Tony

- Pourquoi viens-tu ici Michael? Lui dis-je, agressif.

- Tony, je viens te voir à cause de Jésus; Jésus t’aime, Tony. (j’enrage). Je crois que Jésus cherche à te parler à travers moi. (Ça y est, le voilà qui recommence avec son lavage de cerveau et ses bêtises)… Je viens juste pour te montrer son Amour. Jésus peut te libérer de la prison dans laquelle tu te trouves (quel toupet, c’est facile pour lui de me parler de liberté… il peut se lever et partir comme il veut…) – Continue, dis-je d’un ton rageur, dis-moi comment Jésus peut me sortir d’ici… comme si ce Jésus existait vraiment. L’as-tu déjà rencontré… Je le bombarde de questions avec arrogance et mépris, mais sa détermination ne faiblit pas!… Je pourrais facilement le blesser, mais au lieu de craindre, il répond à mes questions…

- Oui Tony, j’ai rencontré Jésus (il témoigne comment) puis ajoute: «J’ai cru que Jésus a payé un grand prix pour moi. – Quel prix? Dis-je sauvagement – J’étais pécheur. Je méritais la mort, mais Jésus a payé à ma place en mourant sur la croix… (Je ris, moqueur) : – Quoi, tu n’étais qu’un enfant, et comment pouvais-tu penser mériter la mort! – La Bible dit que nous sommes tous pécheurs, Tony… et libres de choisir… – Allez, crache le morceau Michael – Dieu nous a créés…et Il a créé le monde. C’est Lui notre véritable Père, mais Il est parfait et nul ne peut subsister dans sa présence, à cause de nos péchés; tout nous sépare de Lui. En Jésus, Dieu s’est fait homme sur la Terre; Il est venu mourir à notre place.

En l’entendant parler de l’Amour du Père, j’enrage en pensant à mes parents qui m’ont abandonné…Michael semble lire dans mes pensées – Et alors? Mais Lui ne t’abandonnera jamais! – Je me suis assez bien débrouillé sans ton Dieu toute ma vie… – Durant toute ta vie, tu as eu un vide à combler. Tu as essayé de la remplir par le kung-fu, le bouddhisme, la gloire, ton travail, la drogue, la haine, la violence…la seule chose que tu n’as pas essayée, c’est Jésus-Christ!… Si tu pouvais sortir avec ces clefs (qu’il brandit devant mon nez) tu ne serais jamais libre, Tony. Mais la Bible le dit : « Si donc le Fils (de Dieu) vous affranchis, vous serez RÉELLEMENT LIBRES »… Cette phrase me hante, et, soudain, j’ai la chair de poule. Penché vers moi (la sonnerie du départ vient de sonner), il insiste : -« Crois en Lui, Tony, c’est tout ce que tu as à faire, Jésus a déjà tout fait, Il a ouvert le chemin, et tu peux maintenant te détourner de tes mauvaises voies et recevoir le pardon, et accepter ce cadeau qu’Il t’offre…

Alors, soudain, je repense à ce jeune prédicateur qui brandissait sa bouteille de vin, l’offrant à quiconque la voulait prendre…. – Aucune condamnation, Tony. L’ardoise est effacée. Tu recommences à zéro. Jésus a effacé ton péché! Et il m’explique encore comment d’un persécuteur (Saul de Tarse), Jésus a fait un apôtre. – Dieu donne aux hommes une seconde chance, tu vois? Et Michael accélère et cite des textes bibliques nombreux : Voici maintenant, le jour du Salut – Comment faire? dis-je , enfin vaincu. Dis-Lui que tu veux le recevoir comme ton Sauveur, mais pas dans une prière formelle, mais du fond de ton cœur, en voulant te détourner de ta vie passée, arrêter les mauvaises choses que tu fais. Ce ne sera pas facile, mis tu verras qu’Il t’aidera… Puis il prie encore et s’en va…

Chapitre 11 – Enfin Libre!

Les paroles de Michael tourbillonnent dans ma tête. J’ai l’impression que les murs vont m’engloutir. Je suis comme un animal en cage, fumant cigarette sur cigarette dans ma cellule… Un des fous qui traîne vers ma cellule me plante sa cigarette allumée dans le bras droit (comme ils le font souvent)…Toute l’ardeur de ma colère se déverse sur lui, et je lui casse le nez contre le mur; son sang gicle sur nos deux corps… Mais, dans ma cellule, je suis tourmenté et les paroles de Michael ne me quittent plus…Toute ma vie, je n’ai eu besoin de personne. J’étais fort, brillant et je dominais, mais Michael a parlé d’une vie en abondance et d’une joie parfaite… Certes, j’ai aimé cette vie trépidante, et l’argent, mais ce n’était jamais assez…Je suis comme toutes les bêtes humaines qui sont enfermées ici, traînant et faisant l’imbécile… Seule Alya m’a donné la preuve que l’amour existe, mais elle n’est plus… J’enfouis ma tête dans le matelas et mets l’oreiller par-dessus. Mon corps se tord de terreur… – « Dieu t’aime tellement Tony – Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son fils… Je commence à comprendre : Dieu a déjà donné… afin que quiconque croit ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle… chaque mot me transperce « afin que quiconque croit… » Par où donc commencer?

Alors, l’image de l’homme que je viens de massacrer contre le mur revient me hanter. Je pousse un cri : « Pardonne-moi, oh! Mon Dieu, pardonne-moi! » Toutes les résistances de mon cœur s’écroulent, comme un barrage qui céderait subitement…les images de ma vie défilent devant mes yeux comme un film. J’ai l’impression de tomber en chute libre dans un puits de torture et d’angoisses. – « S’il te plaît, mon Dieu, si Tu m’entends, pardonne-moi… » Je suis maintenant secoué par de gros sanglots. Les mots de Michael viennent d’eux-mêmes comme un fleuve quand je prie Jésus de me pardonner, de remplir le vide de ma vie. Je promets de me détourner de mon ancienne vie. Je parle avec Jésus toute la nuit, puis enfin je m’endors.

Le lendemain au réveil tout semble avoir changé Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été dans la colère. A présent, je suis étrangement calme et paisible… assis sur mon lit je souris et murmure : Merci, Jésus! J’ai l’impression qu’un lourd fardeau est tombé de mes épaules. La vie reprend, voici le petit déjeuner : j’ai faim. Je vois le paquet de cigarettes, mais depuis une heure je n’ai pas eu envie d’en allumer une et…je ne vois pas de cicatrice de ma forte brûlure de cigarette au bras gauche! Dans la bibliothèque, j’écris tout à Michel : j’ai tant de questions à lui poser maintenant… Mon cœur bondit de joie… la vie n’a jamais été aussi belle.

Un copain, me voyant, me demande quelle drogue formidable j’ai enfin trouvé (tout le monde se drogue dans la prison). – Mais non, Shaane, J’ai reçu Jésus dans ma vie! – Tu l’as trouvée où cette drogue là, je ne la connais pas.- Non, des drogues tu le sais bien, il en faut toujours plus, ce n’est pas le bonheur, c’est la dépendance… Je lui parle de ma prière de la nuit et de ma rage qui a disparu… Il secoue la tête, stupéfait. Je lui rappelle les paroles de Jean 3 :16 et les récite , puis j’ajoute : « Tout ce que tu as à faire, c’est de prier et de croire, Shane – Mais je ne comprends pas pourquoi Jésus devait mourir. Pourquoi Dieu l’a-t-il voulu?- Je réfléchis un moment : (tout est nouveau pour moi…) – Dieu est parfait, mais pas nous. Nous sommes tous pécheurs, même les plus gentils, et personne ne pourra jamais atteindre la perfection de Dieu. Dieu a voulu devenir un être humain parmi nous pour nous montrer qu’Il connaît toutes nos luttes… et quand Jésus est mort, c’est à notre place, en prenant sur Lui nos péchés pour que nous puissions être pardonnés et rendus saints devant Dieu. Nous pouvons à présent choisir la vie! Et il me vient une illustration bien claire…

Soudain, des larmes apparaissent dans les yeux de Shaane – Est-ce que tu veux le croire… trouver le pardon, la paix, la joie avec Dieu, comme moi? – Nous prions, il se donne à Dieu. C’est bien la première fois que je prie avec quelqu’un. Il pleure et prie dans sa propre langue que je ne comprends pas… Dès lors, nous sommes deux à la visite de Michael. Qui nous procure des cours Emmaüs par correspondance et une Bible en sri lankais… Et bientôt, nous sommes plusieurs à devenir chrétiens, à travers bien des péripéties que raconte ce livre.

En prison, ces hommes n’ont aucune difficulté pour reconnaître leurs fautes. Le poids de leur mauvaise conscience les écrase souvent, et beaucoup se mettent à pleurer comme des enfants lorsqu’ils remercient Dieu pour son pardon et sa grâce libératrice. Michael et son Église sont plus occupés que jamais. Valérie me dit même qu’ils prient pour que des chrétiens soient incarcérés! Même un musulman, Mohammed, se convertit en découvrant l’Amour de Jésus. Nous avons l’impression d’être comme les premiers disciples de l’Église primitive, qui se réunissaient en secret. Et pour partager le pain et le vin, nous gardons nos grappes de raisin du dîner, les écrasions dans des chaussettes propres, et laissions fermenter le jus jusqu’à ce qu’il devienne un vin précieux… C’est pour notre Sainte-Céne!

Mais un jour…Où donc est Shaane? – Alcaponey (l’un des plus terribles prisonniers) l’a assommé. On l’emporte sur un brancard à l’Hôpital. Mon sang ne fait qu’un tour; un fleuve de rage folle monte en moi…Soudain je redeviens l’ancien Tony, féroce, furieux et menaçant… Je me jure de réduire cet Alcaponey en bouillie. Ce goût métallique familier me revient dans la bouche. Je veux son sang…

Chapitre 12 – Dieu manifeste sa puissance

Trop furieux pour prier, je déambule pendant des heures… puis tombe dans ma cellule, submergé de chagrin. Les jours suivants je lutte avec Dieu. Je lis ma Bible, mais reste aveuglé par la colère. Je demande même à Dieu l’occasion de me venger : je veux tuer Alcaponey. Jamais je ne pourrai lui pardonner!… Il sait que j’en ai après lui, et nous attendons tous deux le moment de nous affronter – Voici l’occasion, pensai-je, je vais pouvoir lui éclater la tête! Elle vint deux semaines plus tard. Dans un petit couloir en cul de sac, il m’attaque avec un gros juron. Il est énorme et très fort; ô briser cette brute en mille morceaux… je savoure d’avance le goût de son sang. Mais…tout-à-coup un morceau de l’Évangile vient dans mon esprit :… alors Jésus dit à Pierre (en Getsémané) « remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée… ».

Le matin même, j’avais lu dans ma Bible le récit de l’arrestation de Jésus! Ces paroles reviennent en moi : Je suis Le Chemin! Et soudain la fureur me quitte; je suis calme et je m’écrie :« Au nom du Seigneur Jésus-Christ, je t’ordonne de me laisser tranquille! »… Et Alcaponey est parti. Miraculeusement, le Seigneur m’a protégé, alors que je ne l’avais même pas prié! Dieu m’a secouru et est intervenu, malgré moi. Je suis stupéfait…et lentement je reprends les couloirs, submergé par cette extraordinaire puissance divine, presque palpable. C’est ma première leçon de foi. Je sais que, dès maintenant, je vais me détourner totalement et définitivement du kung-fu, pour m’abandonner entre les mains de Dieu. Je repenserai souvent à cet incident comme à un moment crucial de ma vie : Dieu m’a donné dès lors la force de m’arrêter pour le laisser agir, Lui.

Mais il est temps dès maintenant que j’informe ma famille en Chine de ma décision de suivre Christ. J’écris à mon grand-père, plus que conscient de l’effet que produiront mes mots. Tournant le dos aux arts martiaux, je méprise tout ce qu’il m’a transmis, je renie mes origines et romps le serment sacré que j’ai prêté, et qui me liait à cette tradition ancestrale du kung-fu… Je risque aussi d’être en danger de mort jusqu’à la fin de mes jours, car je sais qu’il va y avoir une réunion de famille où l’on va me demander des comptes… Mais une lettre dure et et froide de ma cousine arrive, qui m’annonce le décès de mon grand-père à l’âge de 95 ans. Elle me reproche d’avoir apporté la honte dans la famille et me somme de renier ma foi chrétienne…

Mais ma nouvelle vie et ma foi en la protection de Dieu, sont bien plus réelles et tellement plus puissantes que tout ce que mon grand-père m’avait inculqué. Dans la prison, la nouvelle de mon changement est manifeste et intrigue chacun. Je pense à ce que dit l’apôtre Paul : « Nous sommes , pour Dieu, le parfum de Christ… » un parfum qui ne se sent pas avec le nez, mais qui est perçu par ceux que nous côtoyons. Presque chaque jour, j’ai l’occasion de discuter avec de nouveaux détenus ou des « varianos ». La plupart sont dans des situations familiales inimaginables. Par miracle, il semble que Dieu m’accorde la sagesse pour les aider.

Une mauvaise nouvelle : Michael est interdit de visites; lui qui s’est donné jusqu’à en être exténué pour ce témoignage. Je fais une demande pour qu’on lève cette obstruction et prie beaucoup pour cela. Le Chef consulté a remarqué mon changement.-« C’est ce que tu appelles <né de nouveau>, dit-il dédaigneux… Je lui explique que le calme est notoire maintenant dans la prison, alors il doit laisser revenir Michael qui est à son origine, visiblement. J’obtiens une permission spéciale pour qu’il revienne faire des études bibliques dans la bibliothèque… mais je dois payer. Ma remise partielle de peine promise sera supprimée, et je devrai terminer mes 3 ans de prison : – « Tous tes enseignements bibliques sont des hérésies, selon l’Église orthodoxe, c’est pourquoi tu as perdu ta remise de peine.» Tant pis; mais tous les matins avant le jour, je prie pour beaucoup de prisonniers. Les besoins sont énormes, et des drames se produisent ici chaque jour…car la violence fait partie du quotidien. Mais désormais ces drames sanglants m’écœurent.

L’été 1992 est d’une chaleur épouvantable et une grosse bagarre entre palestiniens et grecs se prépare. Comme d’habitude je sers les repas au milieu des 2 groupes antagonistes, mais je réalise dans ce nouveau drame combien le Seigneur protège notre petit groupe de nouveaux convertis. Et le jour de ma libération arrive…J’ai purgé mes 3 ans de détention. Je sais que Dieu a un plan pour moi, après ma sortie. Mes amis ont fait renouveler mon passeport périmé et préparé mon billet d’avion, ainsi qu’une famille chrétienne, qui va me recevoir en Angleterre. Nous somme le 11 novembre 1992, et c’est le jour de Ma libération!

Chapitre 13 – Retour à Londres

Les adieux sont déchirants. Je passe ma journée dans les couloirs à exhorter chacun à donner sa vie à Jésus. Tous sont devenus mes amis. Puis 5 policiers m’accompagnent à l’aéroport : je suis interdit de séjour à Chypre pendant 5 ans. A l’arrivée, je reconnais vite John, Caroline Nunn et leurs enfants, mes nouveaux hôtes, mais je dois leur sembler un type bien louche. Je suis submergé par la vie autour de moi, après 3 ans dans un cachot misérable. Et chez eux, je me sens aussi bizarre; j’ai presque le vertige. Me voici dans la petite chambre d’amis qu’ils m’ont préparée. Tout est si parfait, si immérité… Une douche bien chaude, quel bienfait, après 3 ans dans la saleté. Mes hôtes sont si accueillants, mais ils ne se rendent pas compte à quel point cette vie « normale » est difficile pour moi… Et ce dimanche 15 novembre 1992, j’accompagne la famille au culte baptiste de New Malden. Quelle fête de rencontrer 300 chrétiens assemblés là! Je me fais aussitôt plein de nombreux amis, et m’engage pour les cours de baptême. A la prison, à chaque douche, je me baptisais moi-même, mais cette fois ce sera en toute conformité!

Parmi les visites chez les Nunn, je suis impressionné par Sara, et je pense beaucoup à elle – Je ne suis pas prêt à cela, dis-je au Seigneur. Mais quelques jours plus tard, ayant préparé un dessin pour elle, je vais le lui porter avec des fleurs. Mon cœur bat la chamade quand je sonne à sa porte. Elle vit avec d’autres étudiantes… Les semaines suivantes, nous nous retrouvons plusieurs fois, et je suis toujours aussi nerveux, mais nous partageons essentiellement notre foi commune, et cela m’aide à me sentir à l’aise. Chrétienne dès l’enfance, elle aurait bien aimé vivre des expériences aussi importantes que les miennes… «Non, je n’ai pas été parcourue par un flot de chaleur, je n’ai pas entendu des voix célestes… Longtemps j’ai même douté de ma conversion : j’avais peur que Jésus soit revenu dans la nuit et qu’il ne m’ait pas prise avec lui… Mais mon père m’a aidé, et j’ai compris : tout ce que nous avons à faire, c’est de croire en Lui, et d’accepter son don gratuit, et la paix de Dieu est venue.

Devenu très timide, j’ai peine à parler en public, et je bégaye même. A l’église (composée quasi que de femmes) Mike, celui qui prêche, me dit (comme Sara) qu’il est chrétien depuis toujours, et il envie mes expériences extraordinaires « parce que ma vie a toujours été facile » m’explique-t-il.

En cherchant bien, Tony retrouve une place dans une compagnie de sécurité. Son emploi lui importe peu, mais le salaire est maigre. Rapidement, il monte en grade, et sans s’en rendre compte, il commence à devenir ambitieux et se retrouve responsable national « grands comptes », avec voiture de fonction, appartement au centre de Londres; tandis que Sarah qui a obtenu son diplôme d’enseignante parle déjà de mariage. Mais tout ne va pas tout seul : parfois ses réflexes de kung-fu le surprennent, et avec ses futurs beaux-parents, il faut de la patience… «Depuis le jour incroyable oû Dieu a manifesté sa puissance, lorsque je luttais avec Alcaponey, j’ai toujours découragé les gens de pratiquer les arts martiaux, quels qu’ils soient… Sport ou autodéfense, ils sont enracinés dans une spiritualité trompeuse et dangereuse. Le « chemin » du kung-fu et des autres arts martiaux n’a rien à voir avec le véritable chemin de Christ. Il procure une fausse confiance en soi. Il est séducteur et flatte leur ego.

Chapitre 14 – Douloureuse leçon

Mariés le 22 juillet 1995, nous changeons de région, et Mike et sa femme aussi. Nous fréquentons une petite église à Moorcroft, et mettons sur pied un club d’ados. Le vendredi, faisant un tour avec un minibus, nous ramassons des jeunes, et beaucoup donnent leur vie à Christ. Nous mettons en place aussi une étude biblique chez nous, le mardi soir. Bien serrés certes, mais nous vivons des moments formidables. Et cependant je continue de progresser dans mon travail. Je pense à l’avenir… en pensant que c’est Dieu qui nous donne toutes ces bonnes choses. Cependant avec le temps, j’ai perdu mes illusions avec certaines églises. Certes les gens y sont accueillants, mais chacun s’occupe d’abord de ses propres affaires, même s’ils prient pour les pauvres… J’en voyais peu appliquer la parole de Jésus (Marc 16 :15) : « Prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Sans m’en rendre compte, je suis en train de me dessécher, et je vais au-devant d’un temps d’épreuves.

Sara attend notre premier enfant. Nous sommes tentés par un avancement professionnel et l’acquisition loin de là d‘une très belle maison… et nous abandonnons notre groupe de jeunes, pour tenter d’en recréer un là-bas. Mais la nouvelle église refuse mes plans. Nous sommes en mars 2000. Un lundi soir, après avoir raccompagné un jeune, je rentre sous la pluie et roule prudemment sur une route de campagne… quand, plouf, je ressens un petit choc, après avoir manqué un stop. Je freine brusquement, la voiture dérape… je sors pour voir. Rien. Je prends une autre route. Je rentre, puis je n’y pense plus.

Une semaine plus tard, quelques ados venu pour une étude biblique chez nous parlent : -« Tu sais, la police recherche une voiture comme la tienne… il y a eu un accident avec délit de fuite, et une femme a été tuée… Où? Sur la route de Bracknell. La femme a été heurtée en moto, et le choc l’a faite tomber. Le conducteur ne s’est même pas arrêté… J’ai soudain envie de vomir… Sarah est outrée de voir comment j’ai bâclé l’étude biblique ce soir-là; et je dois tout lui raconter. Elle panique à son tour… Dans le journal, tout est décrit. – Si j’ai tué cette femme, dis-je, ce sera la prison. – Mais ce n’était qu’un accident stupide, dit Sara. – Une femme est morte, accident ou pas, j’irai en prison. – Et le bébé? dit Sarah en sanglotant. Nous prions ensemble… nous supplions Dieu… et le ciel reste silencieux.. Nous décidons de ne rien dire.

Quelques jours plus tard, chez le garagiste, je mens en disant que j’ai trouvé ma voiture abimée dans un parking, et le garage me prête une voiture pendant la réparation, puis je dépose Sara dans l’école où elle enseigne… mais un policier est là qui a reconnu mon véhicule… Au commissariat, au cours de nos interrogatoires séparés nous avouons tout… Accablé de culpabilité, je désire que Dieu me foudroie sur place. Les circonstances vérifiées, il apparaît pourtant que je roulais doucement, que la route était très glissante et que la victime n’avait pas de phare… mais j’ai tué et détruit une famille… Les mois suivants sont affreux : raconter sans arrêt aux gens cette terrible histoire. Le coup le plus dur nous est donné par l’Église qui me tourne le dos… et le 11 juin 2001, Sarah donne naissance à Ethan, qui aurait dû être l’évènement le plus heureux de ma vie… Nous attendons encore 6 mois pour quitter cet endroit, et nous rapprocher des parents de Sara.

Je réalisai soudain que pendant des années j’avais foncé, poussé par mon désir de partager l’Évangile, mais en agissant souvent comme je l’entendais, moi… et souvent dans une attitude de jugement à l’égard des autres… Sara et moi, pour la première fois, commencions à prier ensemble avec ardeur, en Lui demandant la grâce d’accepter Ses plans pour notre vie.

Suivent des longs débats avec les avocats (où parfois la colère du passé a rejailli momentanément). L’audience a lieu début juin 2001. Sarah est condamnée à 120 heures de travaux d’intérêt général, et moi, au vu de mon casier judiciaire Interpol, à quinze mois de prison.

Chapite 15 – Bullington

Menottes aux mains. Un flot de remords et de honte me submerge. Que suis-je devenu?… Que penserait Michael s’il me voyait ainsi? Je ne me sens même plus digne de prononcer le nom de Jésus… Mais la prison de Bullington est un palais qui n’a rien à voir avec ma prison chypriote! On y joue au billard, tout est propre, on a la TV, et une panoplie d’équipements de loisir. Les couchettes sont confortables… Mais j’ose à peine penser à Sara et à Ethan, et à quel père je dois leur faire penser; je me déteste… Sara elle, a heureusement retrouvé ses parents, et elle ne se plaint pas. Les semaines passent, et je me tiens à l’écart. Ma bonne conduite me fait bénéficier d’une cellule personnelle… Comment ai-je pu dévier à ce point?

Un jour, je lis ma Bible dans ma cellule, quand Darren – qui a voyagé avec moi dans le fourgon en venant ici – s’assied sur mon lit – Que fais-tu? – Je lis ma Bible; je n’ai pas grand’chose d’un chrétien, n’est-ce pas. Je suis en prison, non?…Alors, c’est intéressant ce que tu lis? Les questions de Darren m’agacent… Je relisais mon verset préféré, Jean 3 :16, dis-je à contrecœur. Darren en a assez et m’invite à un ping-pong… 3 jours après, il arrive en riant : je suis allé chercher une Bible, car tu étais tellement mystérieux l’autre jour que j’en ai chipé une à l’aumônier! Il avait trouvé le texte de Jean 3 :16 en lisant l’Évangile en entier… Je suis muet de stupeur et émerveillé. C’est comme si Dieu me disait : « Maintenant, tu es brisé et faible, je vais pouvoir t’utiliser.» Et Darren me raconte toute son histoire, celle d’un orphelin. C’est un drogué, et je vais l’aider – après sa conversion – à se libérer. Je sais maintenant que ce dont j’ai le plus besoin, c’est de passer du temps avec Dieu.

Peu à peu, je peux parler avec mes compagnons de captivité, et avec leurs gardiens aussi. Je puis tout leur dire, et aussi qu’en tant que chrétien je suis capable de faire des erreurs. Très vite, on me surnomme « le pasteur », et je suis amené à annoncer l’Évangile, et des conversions s’ensuivent… même parmi les pires. (Le livre en cite bien des exemples frappants). Puis Tony est chargé d’un travail intéressant : ramasser et remplir chaque jour environ 20 sacs de grosses poubelles. Certains sont jaloux de lui et lui jettent des détritus dessus par les fenêtres…

« Au bout de quelque temps, je connais la plupart des hommes des étages inférieurs et je ne tarde pas à leur parler de l’Évangile! ». Mais un jour, c’est de l’eau bouillante qu’il reçoit, qu’il ressent mystérieusement comme si elle était froide –« Je ne vais pas venir te chercher, poule mouillée, car si je n’étais pas chrétien, je t’éclaterais la cervelle, mais j’aime trop Jésus pour ça »… Beaucoup de détenus sont témoins de la scène. Règle-lui ton compte Tony, disent-ils… Les gardiens veulent aussi que je leur dénonce le coupable… je ne dis mot : la haine, c’est comme la prison à vie; mais le pardon est une puissance qui conduit dans la liberté, c’est bien plus puissant que la colère.

Chapitre 16 – Restauré par la grâce

La chapelle est un bon endroit pour les détenus qui peuvent un moment quitter leur cellule. Certes l’aumônier anglican n’a pas à cœur d’y annoncer l’évangile après tant d’années; il est aussi emprisonné que nous! Mais semaine après semaine, dans notre petit groupe, des prisonniers se convertissent maintenant, et nous nous rassemblons à la chapelle pour prier et étudier la Bible. Il y a beaucoup de spectateurs, parfois de détracteurs. Six mois ont passé, et on me dit de me préparer à sortir. Je ne suis plus le même, et Sara non plus. Elle aussi a été amenée à dépendre davantage du Seigneur, et elle parle d’une manière toute nouvelle de l’Amour de Jésus. Ma libération a lieu le 12 février 2002. Comme j’ai pu mettre de côté pas mal d’argent, je décide de laisser un souvenir à tous mes compagnons, j’ai acheté des « Mars », et je leur ai distribué tous ces chocolats à la chapelle. Beaucoup ont changé ces derniers mois- Tu es super dit l’un d’eux. – Dieu te bénisse, lui dis-je en souriant.

Je continue à correspondre avec beaucoup d’entre eux après ma libération. Mais, de toutes ces vies transformées, c’est la mienne qui a le plus changé : Dieu m’a fait traverser un désert, pour que j’apprenne l’humilité. Dans la vie des serviteurs de Dieu, beaucoup ont ainsi dû y passer, comme Moïse et Israël, après l’esclavage de l’Égypte. «… Afin de t’humilier et de t’éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton cœur… », dit le Deutéronome. En recherchant, j’ai trouvé qu’un des mots hébreux utilisés pour « désert » signifie en fait « le lieu où Dieu parle ».

Durant ce temps à Bullington, j’ai beaucoup prié et demandé à Dieu de préparer un nouveau chemin pour mon avenir; de me permettre de continuer à Le servir, en témoignant de Lui et évangélisant, et de m’aider à rester humble et brisé devant Lui. Et Sara est d’accord : comme moi, elle a appris à se courber devant Christ. Je deviens serveur dans un restaurant avec un très petit salaire. Je n’ai rien caché de mes séjours en prisons. Je travaille chaque jour joyeusement et je ne crains pas de partager ma foi avec n’importe qui. Beaucoup n’ont jamais rencontré quelqu’un parlant de Jésus de cette façon-là. Beaucoup sont touchés maintenant, et dans l’Église particulièrement. Mon histoire est un message pour tous. C’est l’histoire d’un homme brisé qui a été sauvé, d’un homme méchant qui a été pardonné.

- FIN -

Epilogue

En 2003, Tony a fondé avec le soutien d’une équipe de responsables, le ministère AVANTI : Allez, faites de toutes les nations des disciples… Avanti a à cœur de travailler en collaboration avec les églises locales pour les aider à communiquer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Dès le début 2004, Tony s’y est engagé à plein temps, en Angleterre et à l’étranger. Il demeure avec sa femme Sarah et ses 2 fils, Ethan et Jacob dans l’Essex.

On peut le consulter sur le site Internet : www.avantiministries.com, ou le consulter directement par e-mail, sous : .


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1 perlededen 29 novembre 2008 à 8 h 00 min

Oui, Seigneur tu es merveilleux, tu ne tiens pas compte de nos iniquites mais pardonne sans compter!

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