Fléau, meule, pressoir et autres instruments d’écrasement, par Jean-Luc B

567 lectures, par colibri le 28 juin 2010 · 5 commentaires

dans la rubrique Christianisme, Christianisme pratique, Edification, Exhortations et sermons, Perfectionnement des saints

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Je me suis longtemps demandé pourquoi le Christ avait choisi le pain et le vin comme «signe» de la communion des croyants avec leur Seigneur. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, mais j’ai cependant approché d’un peu plus près la signification de ces «emblèmes» et le sens que leur consommation et leur partage devrait avoir dans nos vies.

Le pain.

Sans que nous en ayons vraiment conscience, le pain nous parle, de la FACON dont s’établit la communion entre les enfants de Dieu.

Dans la Bible, sommes parfois comparés à des grains de blé. Malheureusement, différents courants de théologie actuels nous font croire qu’il suffirait de rassembler les graines dans un grenier unique pour que, comme par miracle, nous devenions un seul corps. Cette forme de pensée a aujourd’hui un certain succès dans ce qu’on appelle «le mouvement oecuménique», mais aussi dans toutes les fédérations et rassemblements d’églises qui prétendent faire l’unité à partie d’un regroupement. Mais il est malheureusement facile de constater que ce genre d’agglomérat (ponctuel ou institutionnalisé) ne crée pas une véritable communion, chacun gardant sa «spécificité»…

En fait, nous savons tous qu’il est impératif de passer par tout un processus bien établi pour que des graines deviennent un pain que nous pourrons rompre et partager. Il faudra d’abord que les épis passent sous les coups du fléau et du van, qui sépareront le grain de la balle, puis il sera nécessaire que chaque graine soit écrasée et broyée jusqu’à ce qu’elle perde complètement sa spécificité et son originalité tout en gardant sa substance, pour pouvoir parvenir à l’état de farine.
Ce n’est qu’à partir de là qu’il devient possible de la rassembler avec d’autres graines qui ont expérimenté le même brisement, pour qu’elles soit malaxées avec d’autres ingrédients (eau, sel, huile) qui permettront d’unir ces éléments séparés pour en faire une masse solidaire et homogène. Cette pâte devra encore passer par le feu de la cuisson pour que paraisse le pain véritable. C’est à ce moment là seulement, et pas avant, qu’il sera possible de vivre pleinement cette «communion» dont la Sainte Cène que nous partageons entre nous n’est que le rappel de la source et la vision de l’objectif.

Un rappel de la source auquel nous pensons tous, car le Christ a vécu ce brisement qui l’a amené à devenir méconnaissable. Ce «passage à la meule» était annoncé par le prophète Ésaïe:

«à ce point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme, et son aspect n’était plus celui des fils d’Adam» (Es.52:14. TOB.) «il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance,» (Es. 53: 2-3)… «et nous, nous l’estimions touché, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos perversités» (v. 4-5.)… « Sous la contrainte » (v. 8.)… «Le SEIGNEUR a voulu le broyer par la souffrance.» (v. 10.)

C’est de ce broyage que provient notre communion, selon ce que le Christ Lui-même avait annoncé:

«Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j‘attirerai tous les hommes à moi.» (Jean 12: 32.)

Après le broyage de la croix, vient la vie nouvelle par la communion en Christ, selon ce qu’avait annoncé Ésaïe dans ce même chapitre 53:

«Ayant payé de sa personne, il verra une descendance » (v. 11.)… « c’est avec des myriades qu’il constituera sa part de butin, puisqu’il s’est dépouillé lui–même jusqu’à la mort» (v. 12.)

Cette oeuvre de broyage indispensable à l’unité, le Christ ne l’a pas accompli tout seul. Il se s’est pas crucifié lui-même: Il a été crucifié. C’est à dire que Dieu, dans sa souveraineté, a employé la « meule » les pouvoirs religieux et politiques pour accomplir ce travail de «broyage». En commençant par le pouvoir religieux du souverain sacrificateur qui va même le prophétiser :

«comme il était Grand Prêtre en cette année–là, il fit cette prophétie qu’il fallait que Jésus meure pour la nation et non seulement pour elle, mais pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu qui sont dispersés. C’est ce jour–là donc qu’ils décidèrent de le faire périr...» (Jean 11: 51-53.)

«Dieu, lui, avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes que son Messie souffrirait et c’est ce qu’il a accompli.» (Actes 3: 18.)… «La population de Jérusalem et ses chefs ont méconnu Jésus; et, en le condamnant, ils ont accompli les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat. » (Actes 13: 27.)

Ô merveilleuse et incompréhensible sagesse puissante de notre Dieu, qui tient tout dans sa main et à qui toutes les puissances et les dominations sont soumises pour accomplir ce que Sa volonté a décrété d’avance!

«Il est écrit en effet: Il prend les sages à leur propre ruse…» (Actes 3: 19.)

Mais la Sainte Cène n’est pas seulement le rappel du souvenir du «broyage» qui nous sauve, elle est aussi un projet que Dieu veut accomplir en nous, puisque nous sommes appelés à suivre le Seigneur dans le chemin qu’il a ouvert pour nous. Car il veut aussi que nous participions à cette oeuvre d’unité qui ne peut s’accomplir pleinement que lorsque nous entrons, chacun pour notre part, dans le processus de fabrication du pain que nous avons rappelé plus haut.

«Il a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.» (Luc 3:17.)

Le fléau ou les roues d’un chariot par leur écrasement modéré dans l’aire de battage, séparaient le grain des tiges et de la balle, et le van (une sorte de pelle) servait à jeter en l’air le produit de ce premier malaxage afin que que le souffle du vent écarte la balle et les tiges (plus légères) et que ce qui retombait sur l’aire ne soit plus que les graines (qui avaient plus de poids). C’est ce que nous appelons aujourd’hui le «battage». Pour obtenir un bon effet de ventilation, les aires à grains étaient en général situées sur des collines exposées au vent.

La plus célèbres de ces aires se situe sur le mont Morija, là même où Abraham est venu sacrifier son fils. Au temps de David, elle s’appelait: «l’aire d’Ornan (ou d’Aravna), le Jébusien.» (2 Chr. 3: 1.) «Jébus » signifiant «lieu de battage». C’est sur cet emplacement que s’est érigé le Temple de Jérusalem «imitation du véritable » (Heb. 9: 24.). Ce qui, dans un sens symbolique, signifie que nous qui sommes «le Temple de Dieu» (& Cor. 3:16.), nous sommes fondés sur une «aire de battage», c’est-à-dire sur un principe de séparation. C’est le Seigneur qui manie le van et c’est le «le souffle de l’Esprit» qui se charge de ce travail de tri entre la balle et le grain.

Le vin.

Ce principe de broyage et d’écrasement se retrouve aussi dans la coupe que nous partageons, puisque pour obtenir du vin il est nécessaire, là encore, que les grains de raisin perdent leur spécificité individuelle en étant écrasés dans le pressoir. Ce n’est qu’à partir de cet écoulement que le fruit de la vigne trouve sa nouvelle identité. Pour commencer, il est seulement du jus de raisin, puis rapidement, par fermentation naturelle des sucres qu’il contient, il devient du vin que nous partageons ensemble pour nous réjouir.

«le vin qui réjouit le coeur de l’homme, faisant reluire son visage avec l’huile; et avec le pain il soutient le coeur de l’homme.» (Ps. 104:15.)

Dans cette phrase, nous avons trois produits de la terre qui ont dûs subir l’écrasement pour pouvoir être rassemblés et consommés. Le pain et le vin , dont nous venons de parler, et l’huile qui, elle aussi, a eu besoin d’un écrasement au pressoir pour exister.

L’huile.

Lors de la fête de Pâque, des lampes à huile étaient allumées. L’huile est donc partie prenante de la Pâque. A quel endroit notre Seigneur a-t-il été en combat («agonia» signifie « lutte»; « combat ») au point d’en arriver à suer des grumeaux de sang (Luc 22: 44.)? Cela s’est passé dans un lieu nommé « Gethsémané » en araméen, ce qui signifie «pressoir à huile»… nous retrouvons là encore ces principes d’écrasement annoncés par Ésaïe dans sa prophétie du «Serviteur souffrant». Et nous sommes appelés à le suivre sur ce chemin, selon ce qu’il nous enseigne Lui-même :

La croix.

«Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive.» (Luc 9: 23.)

Remarquons bien qu’il ne dit pas que ce renoncement à soi-même ne serait réservé qu’à quelques-uns, mais «il dit à tous». Ce que nous rappelle aussi l’apôtre Paul:

«TOUS CEUX qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés.» (2 Tim 3:12.)

Nous devrions sans cesse garder à la pensée que les graines réservées pour la semence aussi bien que celles qui serviront à faire le pain, devront «mourir à elles-mêmes» pour porter le fruit de la multiplication ou de la communion. Les enseignements sur «la mort à soi-même» qui parcourent le Nouveau Testament sont adressés à tous ceux qui voudront suivre le Christ. Précisons que l’oeuvre de «battage» et de «broyage» n’a pas lieu à chaque instant de notre vie chrétienne, mais à des moments précis. Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas été crucifié tout au long des jours de son existence terrestre, mais uniquement à l’achèvement (ou accomplissement) de sa mission.

Il n’en reste pas moins vrai qu’il nous faut continuellement garder à l’esprit que la destinée d’un grain de blé n’est pas de rester éternellement sur sa tige, mais après une croissance et un mûrissement, il devra passerpar tout un processus difficile de séparation et d’écrasement qui l’amènera à un dépouillement de sa première nature, de façon à ce qu’il puisse être partagé sous forme de pain. Vu dans ce sens là, l’expression «se charger chaque jour de sa croix» ne signifie donc pas qu’il faudrait se mortifier ou s’auto-crucifier quotidiennement, mais seulement qu’il est important de se rappeler chaque jour de l’objectif final vers lequel l’Esprit de Christ nous amène.

«Car quiconque voudra sauver son âme, la perdra; mais quiconque perdra son âme pour l’amour de moi, la trouvera.» (Mat. 16:25. Martin)

Je sais que le «message de la Croix» (qui nous enseigne qu »il est nécessaire de la porter soi-même pour en garder le bénéfice) n’a pas bonne presse dans un grande partie du christianisme charnel moderne. Il lui préfère les discours sur la prospérité, la réussite et la réalisation de soi. Je sais aussi que certaines personnes bien intentionnées veulent rectifier le tir en parlant davantage de la «mort du Moi». Mais en agissant ainsi, elles courent le risque de répondre à un excès par un autre excès.

En réalité, il est indispensable que le grain de blé soit parfaitement développé pour qu’il puisse donner une bonne farine. Et dans ce sens il est donc normal et légitime d’attendre de Dieu cette «vie en abondance» qu’Il est venu nous apporter en Christ. Mais n’oublions pas que toute cette abondance sera inutile si le fléau, le van, le meule, le pétrin et le feu n’accomplissent pas successivement leurs fonctions.

Car le but final, c’est la coupe à boire et le pain à partager dans le Royaume du Père. C’est alors que nous serons dans la Vie véritable, celle qui n’est pas de ce monde. Parce que nous aurons renoncé à sauver notre existence terrestre par amour pour le Fils de Dieu. Il nous a donné un exemple afin que nous le suivions sur le chemin qu’il a ouvert à notre intention:

«Si vous supportez la souffrance lorsque vous faites ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu. Et c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces» (1 Pierre 2: 20-21).

Jean-Luc B

http://blog-porte-parole.blogspot.com/2009/09/temoins-grec-martyros.html


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1 Thamis 28 juin 2010 à 12 h 49 min

Caché à cause de très mauvaise notes. Cliquer ici pour voir.

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2 Joseph C. 29 juin 2010 à 7 h 49 min

Caché à cause de très mauvaise notes. Cliquer ici pour voir.

Mal noté. On aime, on n\\\\\\\'aime pas: +1 6 -1 16

3 Rebecca 29 juin 2010 à 8 h 38 min

Ah Thamis, je trouve particulièrement horrible que , dans les circonstances que sont les siennes, ton frère ait été rejeté même par son église ….

Je vote oui ou non +1 17 -1 0

4 Thamis 29 juin 2010 à 11 h 31 min

Oui, merci a Jean-luc B pour ses reflexions.
Merci Rebecca pour ta compassion pour mon frère, il à été méprisé rejeté, abandonné par son église il est vrai qu’il s’agissant d’une église catholique mais bon il y à d’authentiques chretien chez eux aussi, aprés son dernier accident grave, a partir du moment ou il n’a plus été « rentable » à l’oeuvre il a été jugé et abandonné à son sort seul..
Dieu jugera un jour, par contre et je ne le comprend qu’en partie, mon frére ne veut plus communiquer, cela m’attriste car son experience à une valeur, je pense qu’il à compris plus de choses que moi des exritures dans ses souffrances.
J’ai essayé en vain de le rapprocher d’une église évangélique par laquelle il pourrait être visité par des fères ou des soeurs.
Tout juste à t’il accépté ma prière quand je suis venu le voir avec mon ancien pasteur.
Même si pour les actes importants il ne peut rien faire seul, il arrive à écrire mais il ne veut pas communiquer je ne sait pas pourquoi, trop de souffrances endurées ?.
Cela me laisse perplexe.

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5 Rebecca 30 juin 2010 à 10 h 01 min

Je pense que nous ne pouvons que prier pour lui Thamis, parfois un excès de souffrances mêne à des réactions irrationnelles, ou qui paraissent telles … qu’il trouve la paix en Christ !
Pour les catholiques je suis d’accord avec toi : il y a aussi des chrétiens chez eux, heureusement !!!!!! j’ai d’ailleurs, pendant plusieurs années, prié dans un groupe mixte comprenant des catholiques et des protestants, et les uns comme les autres me paraissaient tous être de vrais disciples de Jésus …

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