Le Dieu de toute consolation (1ère partie) par Eliane Colard

323 lectures, par Bible le 23 juin 2010 · 1 commentaire

dans la rubrique Christianisme pratique, Edification, Exhortations et sermons, Perfectionnement des saints

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Extrait du livre « Ainsi vous serez consolés »

(Ce texte sera en deux parties)


Le Dieu trinitaire est la seule véritable source de consolation pour tous les affligés qu’ils soient de Sion ou non. Cependant, parfois la consolation de Dieu aura besoin de passer par des instruments humains. Ainsi, c’est à des hommes et non à des anges que Dieu a confié la mission de porter au monde le témoignage de Jésus-Christ oint par l’Esprit pour porter la consolation à tous les affligés (Esaïe 61) ; c’est aussi au travers des différents membres du Corps de Christ que l’huile qui coule de la tête (Jésus-Christ), se répandra sur les parties du Corps les moins exposées et qui souvent sont celles qui en ont le plus besoin (Psaume 133 et 1 Corinthiens 12. 14 à 26).

Je vais parler ici essentiellement d’instruments de consolation pour les « affligés de Son peuple», parce que Dieu attache une importance particulière à la consolation de son peuple. Comment Il s’emploie à nous faire passer de l’état de consolateurs fâcheux à celui de consolateurs selon son cœur.

Tsophar, Eliphaz ou bien Elihu et Barnabas ?

Avant de parler des véritables consolateurs (Elihu, Barnabas), je vais parler de ceux que je nommerai « les consolateurs fâcheux» (Tsophar, Eliphaz).

1-Les Consolateurs fâcheux

Ce terme se trouve dans le livre de Job au chapitre 16. Quand Job prend la parole pour s’adresser à ses amis venus le consoler alors qu’il passait par une souffrance incompréhensible, il leur dit ceci : « ..Vous êtes tous des consolateurs fâcheux. Quand finiront ces discours en l’air ?».

J’ai remarqué quelque chose qui m’interpelle à plus d’un titre, c’est le fait que lorsque nous ne comprenons pas ce qui se passe dans la vie d’une personne qui passe par un temps difficile, nous avons parfois tendance à inventer ou à supputer ce que nous ne savons ou ne comprenons pas. Mais en faisant des suppositions sur ce qui nous échappe, nous prenons aussi le risque d’être souvent à côté de la réalité dans la mesure où nous passerons forcément les choses que nous percevons au crible de notre propre façon de voir et de réagir  (notre propre sagesse) : nous croyons égoïstement que nous sommes la mesure de toutes choses. Si nous voyons par exemple une personne ayant un handicap visible quelconque dans un état de tristesse, nous pensons naturellement que son handicap est la cause de sa tristesse, comme si elle n’avait qu’un corps et pas aussi une âme et un esprit avec les besoins de consolation ou rafraîchissement que l’on peut retrouver chez des personnes sans handicap visible. Durant son ministère terrestre, Jésus considérait la personne entière ; c’est ainsi que contre toute attente, il a demandé à l’aveugle ce qu’il attendait précisément de lui alors que Jésus ne pouvait ignorer sa cécité (bien entendu il y a certainement différentes lectures possibles de cet évènement).

Et souvent en nous focalisant sur ce que nos yeux perçoivent, nous pouvons passer à côté de la consolation de Dieu pour les personnes. Sans aller aussi loin, je dirais qu’il y a beaucoup de gens qui pensent savoir au quart de tour le genre de consolation à laquelle certains peuvent aspirer ou non. C’est comme un supermarché avec des rayons bien achalandés avec des étiquettes, et où la vendeuse vous dit : « vous avez tel profil, donc vous devez aspirer à tel type de consolation, il vous faut donc aller dans tel rayon où vous trouverez la consolation appropriée ; et surtout vous ne risquez pas de vous tromper, c’est écrit dessus ».

Je mesure à quel point nous pouvons parfois être des consolateurs fâcheux à vouloir forcer une personne à recevoir une consolation supermarché avec étiquettes, après que les soi-disant besoins aient été passés au rayon laser de nos schémas de pensée pour en sortir catégorisés prêts à l’emploi. C’est souvent le cas, lorsque nous prions pour un besoin selon nos propres pensées ; il est parfois bon de prier d’abord en esprit lorsque c’est possible, afin que notre intelligence soit renouvelée par ce que le St-Esprit aura sondé de la situation et de la volonté de Dieu ; j’admets volontiers que ce n’est pas si simple qu’il y paraît.

La consolation des consolateurs fâcheux n’est jamais « à propos » comme celle des Barnabas ou Elihu que je développerai plus loin : Proverbes 25. 11 dit « Des pommes d’or sur des ciselures d’argent, telle est une parole dite à propos » ; mais tout au plus elle est décalée tant elle tombe à côté. Ou nous arrivons trop tard : la personne a déjà reçu la consolation dont elle avait besoin auquel cas n’insistons pas ; ou encore la consolation que nous voulons lui apporter n’est pas du tout appropriée et dans ce cas soyons suffisamment humbles pour ne pas avoir l’air d’en rajouter : nous risquerions de plonger la personne dans un état pire que celui dans lequel nous l’avons trouvée.

Souvent, en analysant l’effet produit par nos paroles sur les autres, nous pouvons avoir une idée du type de consolateur que nous sommes : des Barnabas (fils de consolation), ou des consolateurs fâcheux. Les mots que nous disons pour tenter de consoler les autres ont trois effets possibles. Ou ils encouragent réellement la personne, ou ils la découragent plus qu’autre chose, ou encore ils sont inappropriés à la situation et restent parfois dans ces cas-là, sans effet apparent.

Si l’effet de nos paroles se situe dans ces deux dernières catégories, nous sommes peut-être de ces consolateurs fâcheux : les Tsophar et autres Eliphaz. Cependant, il convient tout de même de nuancer car il existe des personnes à qui les meilleures paroles d’encouragement ne peuvent procurer la consolation. Elles sont tellement emmurées dans leur souffrance qu’il s’est formé une succession de murs épais autour de leur cœur que seul le Consolateur en personne peut briser en réponse à nos prières. Certaines sortiront de ce gouffre consolées et transformées pour devenir de ces Barnabas ou Elihu dont je parlerai au paragraphe suivant. D’autres malheureusement n’en sortiront pas; non parce que le consolateur ne sera pas descendu dans la fosse où elles se trouvent, mais parce qu’elles ne s’y seront parfois pas laissées trouver pour en remonter. Il existe ainsi parfois des personnes qui ont fini par s’habituer à leur état. Elles finissent par trouver presque un certain confort à être le sujet de préoccupation majeur des autres. Ce sont celles qui font du nombrilisme, sont toujours moroses, de mauvaise humeur, la mine toujours triste, même en présence d’une bonne nouvelle les concernant ou concernant les autres. Elles demeurent centrées sur leur petit « moi » et se plaignent constamment du manque d’amour qui les environne sans se demander ce qu’elles pourraient faire de leur côté pour en donner aux autres. Ces personnes seront heureuses de se voir proposer des thérapies et autres séances interminables de relation d’aide où le petit « moi » qui a été blessé par la faute des « autres », sera cajolé et dorloté de façon à grandir et grossir sans jamais avoir besoin d’aller à la Croix (je reste persuadée que c’est à cet endroit précisément que s’opèrent les guérisons les plus profondes et définitives), pour y connaître une mort salutaire. Et les personnes censées les aider, finissent minées et convaincues de leur incompétence. C’est face à ce genre de cas qu’il s’agit de ne pas se prendre pour des consolateurs fâcheux quand les démarches de consolation n’ont l’air de produire aucun effet. Malheureusement, ces personnes qui ne se laissent pas consoler ne pourront peut-être jamais être des consolateurs à leur tour. D’ailleurs le souhaiteraient-elles ? Car celui qui cherche à se laisser utiliser par le Saint-Esprit pour être un fils de consolation se décentre de lui-même sans que cela veuille dire qu’il n’a pas de souci ; mais il a appris à ne pas prendre l’aide, l’amour et la compassion des autres pour un dû. Et il arrive qu’en se tournant vers les autres, certaines de ses propres plaies soient guéries.

Il convient aussi de préciser que certaines de nos paroles dont l’effet se situe dans la troisième catégorie, c’est-à-dire inappropriées et sans effet apparent, ne sont pas pour autant dépourvues d’effet dans la réalité. On pourrait en effet se dire qu’une parole qui n’est juste « pas à propos » n’est pas bien grave. Mais cela peut être plus cruel qu’on ne croie. Proverbes 25. 20 dit ceci : « Chanter des chansons à un homme malheureux, c’est comme enlever son manteau par un jour de froid ou mettre du vinaigre sur une plaie ».C’est frappant : on ne peut faire plus inapproprié. Nous voyons dans ce proverbe, l’effet que peut produire mine de rien, une action inappropriée envers un cœur malheureux : c’est comme lui enlever ce qui pourrait le réchauffer alors qu’il a froid ou encore raviver sa plaie en lui versant dessus le mauvais médicament. On conviendra aisément que cela a un effet désastreux.

Cependant, il reste réellement une catégorie de paroles inappropriées et sans effet. Elles ne sont pas dites « à propos », mais ne font pas de mal et ne découragent pas non plus. Elles ne sont simplement pas de circonstance, sont décalées ; ce sont des coups d’épée dans l’eau. Souvent dans ce cas, la personne que nous essayons de consoler nous fera un sourire bien gentil et très poli, sans paraître très touchée.

Pour ce qui est des paroles qui découragent, nous saurons forcément si nos paroles ont produit un tel effet. Nous le voyons à l’attitude de la personne envers nous par la suite si elle nous évite comme la peste. Je sais cela, car moi aussi, il m’est arrivé et il m’arrive encore d’être une consolatrice fâcheuse.

Ceci dit, On peut classer les consolateurs fâcheux  en deux grands groupes que je nommerai les Tsophar, et les Eliphaz

Les Tsophar

Ce sont ceux qui puisent dans leur raison ou propre sagesse, les ressources nécessaires pour apporter la consolation aux autres. En Job 20. 3, Tsophar dit ceci : « Le souffle de mon intelligence donnera la réplique » ; dans la version « Français courant » il est dit : « ma  raison m’inspire la réponse à faire ». On voit que pour Tsophar, la raison ou intelligence a une part importante dans la façon de comprendre la souffrance pour tenter d’en venir à bout. Au chapitre 11, on l’entend dire à Job : « Et suffira t’il d’être un discoureur pour avoir raison ». Et il s’ensuit une assez longue allocution sur l’immensité de la sagesse de Dieu et la sottise de l’homme (c’est honorable). Il termine à partir du verset 13 par des paroles merveilleuses et apparemment très encourageantes pour Job. Cependant celui-ci ne semble pas touché par la sagesse manifestée dans l’intervention de Tsophar. C’est comme si ce discours n’était pas descendu dans son cœur pour le réchauffer. Il répond à cela au chapitre 12 en disant : » On dirait que le genre humain c’est vous (en français courant il est dit : « Bien sûr, vous détenez tout le savoir humain ») et qu’avec vous doit mourir la sagesse. J’ai tout aussi bien que vous l’intelligence, moi ». En d’autres termes Job lui fait comprendre que ce n’est pas à cette sorte de sagesse qu’il s’attendait car elle ne lui apporte rien.

Tsophar c’est monsieur « je sais tout, j’ai tout compris à ta souffrance ». En fait, Tsophar est un type de la sagesse humaine qui peut ressembler à la sagesse de Dieu sans en avoir la puissance créatrice et rédemptrice (n’oublions pas qu’elle était avec Dieu lors de la création : Proverbes 3. 19 : « c’est par la sagesse que Dieu a fondé la terre »; Proverbes 8. 27 : « Lorsqu’il disposa les cieux j’étais là…. »).

Au verset 4, Job dit : « Je fais appel à Dieu dans l’espoir qu’il réponde et je suis devenu celui que ses amis tournent en ridicule ». Voilà à quoi ressemble en gros pour Job l’intervention de Tsophar. Il pense que celui-ci se moque de sa souffrance. C’est le genre de paroles inappropriées apparemment sans effet mais qui ont néanmoins le pouvoir d’enlever le manteau à celui qui a froid (Proverbes 25. 20).

Les Eliphaz

Ce sont ceux qui ont des discours empreints d’une grande spiritualité religieuse, au moment où l’on aurait besoin d’une expression de compassion peut-être plus terre à terre mais qui prouverait qu’au-delà de la leçon spirituelle qu’il y a à tirer de l’épreuve en cours, on comprend la personne qui souffre. Les Eliphaz ont cependant un regard plus religieux que spirituel sur la souffrance. Ils semblent avoir une grande crainte de Dieu, mais il s’avère que souvent ils sont plus motivés par la peur que par l’amour. Eliphaz spiritualise tout, en parlant des vertus de la souffrance. Avec lui, les versets bibliques pleuvent pour tout expliquer et tout résoudre. Et si cela ne marche pas, il faut regarder du côté de la personne qui souffre car il y a certainement quelque chose à régler : un péché quelconque non confessé etc. Ainsi, au chapitre 4, Eliphaz adresse des reproches à Job, et au chapitre 5, il l’exhorte à accepter son châtiment : verset 17 « Heureux l’homme que Dieu châtie.. » et ensuite il lui cite plein de « versets bibliques » (façon de dire qu’il lui cite des paroles que l’on retrouvera aussi ailleurs dans les Ecritures) et non des moindres, entre autres : Job 4. 18 (Deutéronome 32. 39 ; Psaume 147. 3) Job 4. 19  (Psaume 91. 7) ; Job 4. 21(Psaume 31. 21); Job 4. 26 (Genèse 15. 15). C’est merveilleux tant de belles paroles ! Pourtant Job n’y semble pas sensible. Au chapitre 6, il semble même très amer et à partir du verset 14, il dénonce la froideur de ses amis et leur manque de compassion. Il dit : «  Celui qui souffre a droit à la compassion de ses amis même quand il abandonnerait la crainte du Tout-puissant ». Voilà sa réponse au discours spiritualo-religieux d’Eliphaz.

Dans la signification étymologique du mot compassion il y a « souffrir avec ». Celui qui a compassion c’est celui qui comprend la souffrance de l’autre. Au lieu de cela, ses amis se montrent froids. Le discours d’Eliphaz est beau mais il est froid et distant. Tout ce qu’il dit est vrai, mais le problème est qu’il ne semble pas motivé par la compassion pour son ami. Ses paroles semblent motivées par la peur par rapport à ce qu’il perçoit de la signification éventuelle de l’épreuve de Job ; et quand bien même ses paroles seraient motivées par une sorte de crainte du Tout-puissant, elles n’auraient pas le pouvoir de consoler Job. Les paroles qui encouragent et consolent doivent plutôt être motivées par l’amour de celui qui parle. Sinon elles sont à classer dans la catégorie des paroles qui ne sont pas à propos et tombent à côté.

A suivre2 -La fabrique de fils de consolation (Où trouver les Barnabas et Elihu ?)


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Le Dieu de toute consolation (1ère partie) par Eliane Colard | Chretien contact.Com
23 juin 2010 à 17 h 51 min

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