Guillaume Seznec ne sera pas réhabilité

12 lectures, par jean d le 14 décembre 2006 · 11 commentaires

dans la rubrique France

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LCI

NDLR : ce n’est pas un sujet concernant le monde chrétien, mais il est intéressant de savoir que le petit-fils de G. Seznec avait dit qu’il ne ferait plus d’autre requête, dans cette affaire qui aura défrayé la chronique. Rappellons que VGE à qui l’on avait demandé qu’elle avait été la plus difficile décision qu’il ait à eu prendre au cours de son mandat, avait évoqué -sincèrement ou non, on ne le sait pas – le refus d’accorder la grâce présidentielle à Ranucci sur la culpabilité duquel il n’y a toujours pas de conviction unanime (on commence même à se demander si Fourniret n’était pas le vrai coupable). Pour ceux qui n’ont pas entendu parler de l’affaire Seznec, un article de Libération, un téléfilm, et une pétition. L’homme avait été gracié par De Gaulle, mais la justice ne le réhabilite toujours pas. Cependant, attention à ne pas considérer que les apports médiatiques à l’affaire, comme dans le cas Omar Radade, où les médias prenant fait et cause pour une personne, négligent les arguments en sa défaveur.

La Cour de révision a rejeté jeudi la demande d’annulation de la condamnation de Guillaume Seznec, présentée par la Chancellerie, a annoncé le président de la Cour, Bruno Cotte.

Guillaume Seznec a été condamné le 4 novembre 1924 par la cour d’assises du Finistère aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de son ami, Pierre Quémeneur. Gracié en 1947 pour bonne conduite après 20 ans passés à Cayenne, Guillaume Seznec est mort en 1954.

Les magistrats de la chambre criminelle de la Cour de cassation, réunie en Cour de révision et présidée par Bruno Cotte, ont décidé de rejeter la demande de révision qui avait été présentée le 31 mars 2001 par la Chancellerie, à l’époque où Marylise Lebranchu, originaire du Finistère, était Garde des Sceaux.


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1 Yves 14 décembre 2006 à 17 h 29 min

Je ne sais trop ce qu’il faut penser de l’hyper médiatisation d’un fait divers qui remonte si loin (1924) associé à l’acharnement des descendants qui me semble quelque peu suspect… Peut-être suis-je très mal informé sur les antécédents de cette affaire, mais ce Seznec a-t-il, dans les années 20, acquis une renommée telle (œuvre sociale, de bienfaisance, acte héroïque, etc) que cette accusation pourrait apparaître totalement hors de propos ?

Car après tout, des erreurs judiciaires, il y en a eu bien d’autres, et de plus tragiques encore (innocents condamnés à mort et exécutés). Ce n’est pas pour autant que les familles de ces malheureux ont occupé les devants de la scène médiatique !

On en revient toujours à la même question, que l’on doit se poser devant la désinformation et le mensonge devenus systématiques sur les médias aujourd’hui : Qu’est-ce qui se cache derrière ces déballages télévisuels insistants ? Quels intérêts occultes ils servent ? Et qu’est-ce qu’on veut nous faire croire ?

Si les médias se saisissent de tel ou tel fait d’actualité pour en faire des scoops à rebondissements multiples (et tant qu’à faire durables) ce n’est pas pour faire joli au JT de 20 heures, mais parce qu’ils servent des "intérêts" qui jamais ne doivent s’afficher sous les sunlights.

Je plains sincèrement les descendants Seznec, si leur démarche est totalement désintéressée de tout intérêt caché. Ils ont de toute manière ouvert une boîte de Pandore qui peut les engloutir comme de nombreux autres imprudents qui ont cru que se servir des médias pour servir leur cause allaient leur rapporter gros (Vu à la télé !).

Une fois de plus, ne rentrons pas dans ce jeu de marionnettes où il n’y a que mauvais coups à choper. Et faisons encore confiance en notre Justice qui (pour combien de temps encore ?) essaie d’exercer sa tâche dans des contextes de plus en plus hostiles et difficiles.

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2 jeand 14 décembre 2006 à 17 h 35 min

Tout à fait et je précise quand même que le film, tout émouvant qu’il soit, n’en est pas moins romancé et a un parti pris, même si Seznec était peut-être innocent. Comme dans la médiatisation de l’affaire Radade. Qu’il y ait une pétition de politiciens ne veut pas dire que le cas est sûr. Les politiciens vont dans le sens du vent. Avant de crier "justice pourrie" prudence…, mais attention aussi à ne pas tomber dans l’excès inverse.

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3 Laurence 15 décembre 2006 à 8 h 24 min

Hier à 5 heures du matin, sur les ondes de France Info, on pouvait entendre le petite fils proclammer: "je ne vais pas me mettre à prier; je ne suis pas croyant"

C’est dommage qu’il n’ait pas prié tout court, car la Bible dit qu’il suffit d’être malheureux et de "crier à Dieu" pour qu’Il entende et délivre de toutes ses détresses ce malheureux!

J’espère de tout coeur que le petit-fils Seznec osera s’adresser à Dieu la prochaine fois, au lieu de mépriser son aide.

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4 Jean 15 décembre 2006 à 12 h 02 min

Sans vouloir être parti pris dans l’affaire Seznec.
Mr Quemeneur le supposé assassiné a avait été vu vivant par une dame après la condamnation de Seznec.
Aujourd’hui son témoignage est mis en doute, jugé trop faible comme argument par la cour.

Aujourd’hui nous proclamons que Jésus le Christ est vivant, il a été vu ressuscité par de nombreuses personnes, les témoignages sont nombreux; les croiront-ils?

Autre point sur Mr Quemeneur, il était franc-maçon.
S’il fallait un bouc-émissaire pour faire porter le chapeau d’une affaire pas claire, il a peut-être été tout trouvé avec Mr Seznec?
Peut-on dans ce pays qu’est la france s’attaquer aux institutions occultes qui dirigent le pays?
Sachant que les membres de ces loges se soutiennent les uns les autres…

Merci de me permettre de partager avec vous cette réflexion.

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5 jeand 15 décembre 2006 à 13 h 12 min

Le problème ne se situe pas au niveau de la franc-maçonnerie (en tout cas, ce n’est pas visible). La Cour de cassation ne juge qu’en droit et non sur les faits, contrairement aux juges du fond et d’appel. Elle a une procédure à respecter et si elle ne le faisait pas, ce serait ouvrir la boîte de Pandore ! Je sais bien que ça semble inhumain, mais il manque une cour spéciale en France.
Le fait est que l’avocat a peut-être soulevé des points de droit qui n’étaient pas valables et la Cour ne pouvait les accepter.
Si Seznec avait encore été vivant, la solution aurait peut-être été différente, mais sa mort facilite l’application stricte du droit.
Ceci peut ressembler à la rigidité de la CPAM de Haute-Garonne https://blogdei.com/index.php... , mais gardons-nous des rapprochements hâtifs ! L’avocat expose son argumentation juridique à la Cour de Cassation et elle y répond en droit ! Elle ne peut pas répondre à côté de la plaque…

Les médias aiment bien juger les juges, ça leur donne un sentiment de puissance et l’opinion ne cherche pas à comprendre davantage. Les politiques aiment balancer la justice quand elle n’est pas en leur faveur ! Il y a quelques années, Jospin avait fait voter une loi sociale censurée par le Conseil constitutionnel. Il a alors crié à l’injustice et les communistes ont demandé la suppression du Conseil constitutionnel. Mais en réalité, en faisant voter ainsi la loi, le gouvernement savait pertinemment (il y a quand même des conseillers dans les cabinets ministériels et de plus le Conseil d’Etat, lui-même, conseille le gouvernement sur ses projets de loi sans que ses avis le lient)que sa loi serait censurée ! Les juges constitutionnels ne pouvaient faire autrement ! Mais ça arrangeait certainement le gouvernement qui, en réalité, n’avait pas envie de voir cette loi appliquée. Par contre, il pouvait dire qu’il avait fait son maximum…

Je ne dis pas que la justice est "mains propres", mais parfois les autres se les lavent comme Ponce Pilate en laissant la justice faire le sale boulot, et en se permettant encore de la dénoncer pour se donner le beau rôle… Attention au "tous pourris"…

D’après ce que je sais comme vous, je pense que Seznec était innocent. Le fait que de Gaulle l’ait gracié me fait même abonder dans ce sens, car si de Gaulle a malheureusement institué la grâce présidentielle du 14 juillet dans notre Constitution (art. 17), il ne semble pas non plus que c’était un homme qui aurait gracié un meurtrier de la culpabilité duquel il était convaincu, ni qu’il aurait pris sa décision à la légère sans se fier à son intime conviction.

L’avocat de Seznec va peut-être le balader devant la Cour européenne des droits de l’homme, mais cette dernière constatera alors que les juges de cassation ont fait correctement leur boulot au cas où cette dernière a correctement répondu aux points de droits soulevés.

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6 Penaud 16 décembre 2006 à 12 h 00 min

La Chambre criminelle de la Cour de cassation statuant comme Cour de révision a rejeté, le 14 décembre 2006, la demande de révision de la condamnation en 1924 de Guillaume Seznec, demande déposée par le Garde des Sceaux en 2001. Il s’agit d’une victoire de la Justice et une victoire de la vérité. La Cour de révision après avoir longuement examiné cette célèbre affaire a définitivement dit, en motivant sa décision, la vérité malgré les pressions de toutes sortes dont elle faisait l’objet depuis plusieurs années, que ce soit celles d’une partie de l’opinion publique, de la presse et de certains milieux politiques. On ne peut que se féliciter de cette décision importante. En effet, les derniers ouvrages publiés ont largement démontré qu’aucun fait nouveau ne pouvait être versé au dossier au bénéfice du condamné. Quand j’ai commencé à travailler sur cette affaire, je n’avais aucun a priori. C’est en étudiant les faits dans leurs détails que je me suis rendu compte que la thèse de l’innocence de Guillaume Seznec ne tenait pas. La décision de la Cour de cassarion met définitivement mettre un terme à cette célèbre affaire judiciaire. A vrai dire le clan Seznec, et plus particulièrement Denis Le Her-Seznec, s’est laissé aveuglé par les drames qu’a vécus cette famille. Il ne peut pas voir la vérité en face. D’une certaine manière, je le plains et je comprends son désarroi. Denis Seznec a émis dans un premier temps le vœu de saisir la Cour européenne de Justice qui s’appelle en fait la Cour de Justice des Communautés européennes. La saisine était vouée à l’échec. Les avocats ont alors signalé, dans une tentative désespérée de sauver ce dossier, qu’ils allaient saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Guy Penaud
Commissaire Principal de Police honoraire
auteur de "L’Enigme Seznec" (Editions de La Lauze, à Périgueux)

Tél. :
Mail :

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7 Jean 16 décembre 2006 à 18 h 56 min

Cher Mr Penaud,
il est certain que je ne possède pas en mains tous les détails de cette affaire et je ne suis pas policier.Je ne souhaite pas non plus débattre sur ce forum de cette affaire, ce n’est pas la place pour ça.
Cependant je trouve dangeureux pour ne pas dire plus, d’accuser de meurtre sans cadavre.
Vous devriez alors mettre en prison tous ceux qui ont dans leur relation des personnes disparues.
Quant à l’inspecteur chargé de l’enquète, il était loin d’être blanc comme neige.
Quant au mobile…

Je n’ai pas plus de parti pris que vous Mr le commissaire.
Pour Mr Denis Seznec que j’ai rencontré, je ne l’apprécie guère; aucun moyen de discuter avec lui si vous n’êtes pas 100% avec lui.

Mais ce cas me donne des frissons dans le dos, moi qui suis citoyen lambda.

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8 Penaud 27 décembre 2006 à 19 h 10 min

PLAIDOYER POUR LA COUR DE REVISION

par Guy Penaud
Commissaire principal de police honoraire
Auteur de « L’ENIGME SEZNEC » (Editions de La Lauze)

Maître Yves Baudelot et maître Jean-Denis Bredin, avocats à la cour, ont évoqué, dans un long plaidoyer (« Guillaume Seznec restera donc coupable », « Le Monde » du 16 décembre 2006) l’arrêt de rejet de la demande de réhabilitation de Guillaume Seznec déposée, en 2001, par Marylise Lebranchu, alors Garde des sceaux. « Triste justice, incapable de reconnaître ses erreurs » n’ont-ils pas peur d’affirmer en terminant leur propos. Il convient de revenir sur les arguments qu’ils ont avancés pour en arriver à cette étonnante conclusion.

Comment d’abord ne pas être surpris par l’affirmation péremptoire par laquelle ils débutent leur argumentation : « Guillaume Seznec, l’homme qui a été condamné par erreur judiciaire le 4 novembre 1924… ». Simple effet de manche. Jusqu’à preuve du contraire, cet homme n’a pas été condamné par erreur judiciaire ni sa réhabilitation injustement rejetée de multiples fois (quatorze semble-t-il), car son cas a été examiné à diverses reprises par des juges ou jurés bretons en 1924 et, depuis, par de nombreux hauts magistrats. Tous ont estimé que la condamnation était totalement justifiée, n’hésitant pas à solidement argumenter leurs décisions.

Prétendre qu’on ne connaît guère, dans l’histoire de la justice criminelle, de procès dans lesquels se trouvent plus de doutes sur la culpabilité du condamné, c’est faire fi de nombreuses charges relevées à l’encontre de Guillaume Seznec, des nombreux mensonges du condamné ou des multiples tentatives de faux témoignages en sa faveur ourdies par l’intéressé avant le procès ainsi que de l’absence totale d’alibis de la part de Guillaume Seznec pour les moments clés de cette affaire criminelle (achat de la machine à écrire au Havre, expédition toujours du Havre du faux télégramme à la famille Quéméneur, dépôt de la valise de Quémeneur en gare du Havre, tentative de perception d’une lettre expédiée à Paris au nom de Quéméneur, etc.). Si Seznec était vraiment innocent pour quelles raisons n’a-t-il pas voulu ou pu fournir, au moment de l’instruction et du procès, ces éléments qui l’auraient probablement disculpé.

Pour ce qui est des « faits nouveaux » évoqués par Mes Baudelot et Bredin, tous ont été fort logiquement écartés par la Cour de révision.

Au sujet de la fameuse promesse de vente, les deux avocats nous apprennent dans leur plaidoyer que Guillaume « Seznec se savait pas se servir d’une machine à écrire »… affirmation pour le moins incongrue quand on sait que Seznec avait bien (avant celle achetée au Havre) plusieurs machines à écrire dont il se servait, et dont la dernière avait été donnée, quelques mois avant les faits, à son comptable en guise de payement car le maître de scierie était couvert de dettes et ne pouvait le payer.

Seznec pas véritablement défendu, selon Mes Baudelot et Bredin : c’est vraiment faire injure à l’avocat qui l’a assisté lors du procès que de dire cela ; il suffit de lire les comptes rendus d’audience parus à l’époque pour infirmer ce jugement humiliant pour leur jeune confrère.

Pour ce qui est du témoin ayant affirmé qu’il avait transporté Quémeneur le 27 mai 1923 jusqu’à la propriété de Plourivo et des coups de feu entendus dans ce domaine de Quémeneur, il a été établi, peu après, d’une part que le chauffeur de taxi n’avait pas reconnu Quémeneur et que c’était à l’occasion du mariage d’un enfant du gardien de la propriété que des coups de feu avaient été tirés. Dirent dès lors que « les jurés qui avaient condamné Seznec se réunissent en 1934 et demandent la révision du procès » c’est aller un peu vite. En effet, seulement cinq des douze jurés ont répondu, le 18 février 1934, à l’invitation d’un ancien magistrat (démissionnaire après un passage dans un hôpital psychiatrique) et ont été mentionnés au bas d’un texte faisant état d’une demande de révision « en réclamant la pleine lumière et la justice pour Seznec ». Un autre juré a signé, peu après, ce texte. Ils réclamaient donc justice uniquement en évoquant des faits totalement étrangers à l’affaire.

Quant aux deux témoins qui auraient reconnu avoir fait de fausses déclarations au sujet de l’achat d’une machine à écrire le 13 juin 1923 au Havre, ils ont pourtant confirmé leurs déclarations devant le juge d’instruction en 1923, lors du procès de 1924 et même lors d’une enquête effectuée à la suite d’une demande de révision au milieu des années 1950. Pour rappeler le sérieux de ce revirement, rappelons que c’est en 1993 (soit soixante-dix ans après les faits), que l’un d’eux, Mme M. née H., aurait affirmé à M. Denis Le Her (Seznec) que ce n’était pas Guillaume Seznec qui avait acheté la machine à écrire au Havre. Les conclusions d’un rapport médical, établi à la demande de la Cour de cassation, établissent que ce témoin souffrait de démence sénile avancée ; selon la Cour, les « troubles étaient déjà trop importants… pour que son témoignage puisse être pris en considération. »

Dire qu’il « est aujourd’hui établi que Pierre Quemeneur s’était engagé dans un vaste trafic de voitures » est tout aussi farfelu, la Commission de révision ayant parlé, dès 2005, d’« une affaire d’achat et de revente de voitures et camions américains d’occasion » à caractère régulier et non d’un « trafic » à connotation illégale, ajoutant même : « Ainsi ne se trouve pas confirmée l’existence d’un trafic clandestin » !

Mes Baudelot et Bredin nous apprennent également : « De même est aujourd’hui établie l’existence du nommé Gherdi, avec lequel Pierre Quemeneur avait rendez-vous à Paris, selon les déclarations de Seznec ». En fait, rien n’établit que c’est avec ce personnage identifié et entendu dès 1926, que Quémeneur avait rendez-vous à Paris en 1923. D’une part, l’intéressé a totalement démenti à plusieurs reprises cette assertion. En outre, Seznec a parlé, dans un premier temps, au sujet de ce personnage d’un Américain prénommé « Charly », alors que Boudjema Gherdi était d’origine nord-africaine ! Enfin, la Commission de révision a noté, en 2005, que « la preuve de l’existence de Boudjema Gherdi n’est pas une preuve automatique de l’innocence de Guillaume Seznec. »

Comment en outre laisser dire par Mes Baudelot et Bredin : « Ainsi la réalité de l’existence de Gherdi fut-elle délibérément cachée à la cour d’assises, car elle risquait d’innocenter Seznec », quand on sait que c’est Seznec lui-même qui avança ce nom de Gherdi bien après la décision de la cour d’assises alors qu’il se trouvait à Saint-Martin-de-Ré en instance de départ vers le bagne ! Dès lors comment l’existence de ce personnage aurait-elle pu être cachée lors du procès !

Pour ce qui est Pierre Bonny, les deux avocats, sans doute pour conforter son rôle de manipulateur de toute l’affaire, l’ont affublé du grade de commissaire de police (« Par ailleurs, la promesse de vente remise le 27 juin (1923) par Guillaume Seznec aux commissaires Vidal et Bonny… »), qu’il n’a en fait jamais eu. Au moment de l’enquête Seznec, Bonny n’était qu’un simple inspecteur stagiaire, en somme le porte valise du commissaire Vidal. Dès lors, comment à lui seul, aurait-il pu fabriquer tant de fausses preuves et forger tant de faux témoignages, puisque pour les rendre crédibles il aurait dû obtenir la complicité d’autres policiers, de gendarmes et même de magistrats ?

Quant aux fausses promesses de vente, toutes les expertises diligentées à la demande de la Justice ont démontré l’implication directe de Guillaume Seznec.

Enfin, soutenir que le ministère public avait « mis en évidence, dans un réquisitoire fort argumenté, l’accumulation des faits nouveaux qui non seulement mettent en doute la culpabilité de Seznec mais établissent en réalité son innocence », c’est complètement oublier les nombreux et précieux attendus de l’arrêt de rejet qui anéantissent la pertinence de ces arguments et les remettent à leur juste place, une fois confrontés aux autres actes de la procédure.

On l’aura compris « aucun fait nouveau ou élément inconnu de la juridiction au jour du procès, de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné » n’a pu être logiquement et fort justement retenu par la Chambre criminelle de la Cour de cassation statuant en tant que Cour de révision, cette chambre criminelle étant composée de magistrats d’expérience ayant présidé les plus importantes juridictions françaises.

Curieusement, Mes Baudelot et Bredin ont entamé leur plaidoyer en disant que « l’affreuse affaire d’Outreau, qui a brisé la vie d’innocents, n’a guère servi de leçon, malgré les travaux et les discours qui promettaient que désormais, rien ne serait plus comme avant ». Ont-ils oublié que le principal reproche fait à la Justice dans cette dernière affaire était que l’instruction avait été confiée à un jeune magistrat sans grande expérience ayant travaillé dans la solitude de son cabinet. La Cour de révision, qui a pris, le 14 décembre dernier, la décision qui s’imposait, était, on l’a vu, à l’opposé de cette réalité à laquelle la représentation nationale tente aujourd’hui de porter remède.

Que M. Denis Le Her (Seznec) poursuive son combat en son nom et au nom des siens se comprend, même si je plains son tragique aveuglement devant la triste réalité. Que des avocats fassent état de leur déception et de leur stupéfaction devant une décision de justice qui leur a donné fort justement tort est compréhensible. Mais quand ces derniers parlent d’un « sinistre arrêt », sans doute ont-ils oublié le respect que nous devons tous, et en premier lieu les auxiliaires de la Justice, à la plus haute juridiction française, la Cour de cassation, à ses magistrats, à l’autorité de la chose jugée et à la loi. Certes la Chambre criminelle a pour mission de défendre la présomption d’innocence, mais elle a aussi pour devoir de ne pas succomber aux pressions de toutes sortes et encore moins aux invectives lancées sur les marches du Palais, exemples pathétiques du délitement de notre société.

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9 Laurence 27 décembre 2006 à 21 h 13 min

Bonsoir Mr Penaud et merci pour ces précisions.

Permettez-moi cette question qui peut vous sembler ahurissante, mais je ne suis pas toujours au fait de l’actualité: le corps de la personne que Guillaume Seznec a ou aurait tué, a-t-il été retrouvé?

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10 Liliane 6 mars 2007 à 11 h 31 min

A Jean….
Vous annoncez que Pierre Quemeneur était franc-maçon. Je suis journaliste, croyante, et je pense la même chose que vous. MAIS les sources restent peu fiables : un livre "La Dictature des loges" en 1934, un F.M. qui me l’a dit mais ne l’a pas écrit ??? Si vous avez d’autres sources, faites-les moi connaître, cela expliquerait bien des zones d’ombres…

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11 Olivier 5 août 2007 à 1 h 25 min

En soutien à Guillaume SEZNEC et sa famille.

http://www.dailymotion.com/forei...

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