Sept longues années se sont ensuite écoulées pendant lesquelles j’allais de désillusion en rancune, de rancune en désir de vengeance, le tout assaisonné d’une haine grandissante et dévorante.

Je haïssais tellement mon conjoint qu’il m’arrivait fréquemment de rêver que je l’éventrai, un long couteau à la main, le laissant répandre sur le sol ses intestins. Je me souviens avoir éprouvé du plaisir en le voyant agoniser d’une façon aussi atroce.

Pour moi, la seule possibilité d’avoir la paix et « enfin » un petit bonheur, ne pouvait que passer par le veuvage. Mais le summum de ma jouissance ne s’atteindrait que si mes mains exécutaient ce sinistre dessein.

J’avais longuement réfléchis au moyen que j’allais employer, et je fus soigneusement inspirée en direct des ténèbres.

J’avais le mobile, le moyen, il ne me manquait plus que le moment propice. Nous étions en avril 1994, et j’avais arrêté la date d’arrêt de vie de mon mari: avant le 1er juillet, je l’aurais moi-même tué. Résolue à aller jusqu’au bout, j’attendais avec impatience que l’occasion se présente.

Alors que l’obscurité m’entraînaient dans ses profondeurs, un couple de chrétiens hyper gentils (nés de nouveau) m’invitaient régulièrement à toutes les «manifestations » organisées par leur assemblée, et ce, depuis 3 bonnes années.

J’avais toujours réussi à échapper à leurs invitations par une multitude de prétextes plus mensongers les uns que les autres, et j’avais de ce fait épuisé tous mes échappatoires

Je décidais alors de modifier quelque peu ma stratégie et décidais d’accepter leur invitation afin d’en être définitivement débarrassée: je n’avais absolument pas envie d’entendre les « préchi-prêcha » d’un religieux qui ne connaît pas la vie.

Ils m’emmenèrent dans une salle de rencontres évangélique où un vieux missionnaire en retraite était venu prêcher la bonne nouvelle du Royaume

Le vieil homme, tout frêle, se tint vaillamment derrière sa chaire, déployant une énergie incomparable pour nous narrer quelques expériences qu’il avait faites avec son meilleur ami « Jésus »

Ce fut pour moi un étonnement total!

Son ami « Jésus » était son médecin: il le guérissait

Son avocat: il le sortait de toutes sortes de situations saugrenues

Son ministre des finances: il pourvoyait au temps de la disette

Son meilleur ami: il était toujours là dans les bons et le mauvais moments de la vie..

J’étais tellement ahurie, que j’avais réussi à me convaincre que « ce Jésus » était bel et bien vivant et devait se tenir dans la pièce accessible par la porte qui se trouvait derrière le pasteur.

Je me disais en moi-même « il va ouvrir la porte et nous faire le coup de Jean-Pierre Foucault: « c’est une sacrée soirée, je vous présente mon ami! » »
Mais il n’en fit rien, et je fus sérieusement déçue de ne pas voir par me propres yeux « son ami Jésus »
«  - C’est un malin"  , pensais-je «  Il va nous faire le coup demain soir lors de la dernière rencontre! »
Décidée à ne pas me laisser ravir le plaisir de voir de me propres yeux l’ami du pasteur, ce certain « Jésus », je me débrouillais pour revenir le lendemain, suffisamment tôt pour bénéficier de la meilleure place: juste devant.

Le pasteur vint comme prévu , son énorme Bible sous le bras, et s’installa derrière le pupitre.
Il tendit l’index dans ma direction et dit « Jésus est ton Sauveur !»

Il m’est absolument impossible de redire ce qui c’est alors réellement passé, et je ne peux non plus dire combien de temps cela a duré.

J’étais transportée dans une dimension surnaturelle: devant moi, se dressait tout à coup une croix immense sur laquelle agonisait Jésus-Christ, les pieds et les poings cloués.
Sa tête penchée sur son épaule droite, était couronnée d’épines immenses, le sang qui avait coulé de ses meurtrissures frontales avaient coagulé sur le visage..
Les os de son thorax étaient en avant, le corps prêt à se rompre par le centre sous l’action de la douleur qu’il ne pouvait pas supporter.
Je n’avais jamais rien vu d’aussi terrible.

Mais le pire qu’il m’ait montré lors de cette vision, c’est son regard!

Ses yeux étaient remplis et débordant d’amour, malgré l’apogée de la douleur. Il me regardait avec un amour incomparable.
Puis il me dit « Tu ne vois pas que je fais ça pour toi? »

Il était en train de subir mon propre châtiment et il me regardait avec tant d’amour pour me sauver!

Je fut saisie d’une honte indescriptible, complètement touchée par la grâce de la repentance, et je me suis mise à pleurer -il y avait tant d’années que je n’avais plus pleuré-.

Je me sentais plus misérable que ce que je ne peux décrire; je voulais disparaître devant sa face.
J’étais plus que minable, et je ne méritais pas de paraître devant lui, il me fallait disparaître sous terre. J’essayais, mais en vain, de m’enfoncer dans le sol pour fuir devant tant d’amour et de sainteté.
Je me disais »on tolère une crotte de chien sur un trottoir; moi, je ne vaux même pas une crotte de chien, je suis plus minable que cela! »
Puis je lui dis « pardon, je en savais pas que tu étais mort pour moi; pardon, je ne savais pas que tu étais mort pour moi »

Les larmes coulaient à flots…

Plus je me sentais minable, plus je pleurai, plus je lui demandais pardon, plus je sentais un fleuve descendre du ciel, comme si la voûte céleste avait été ouverte à ce moment précis pour m’immerger d’un flot bouillonnant qui emportait toute ma crasse sur son passage.

Plus la pluie du ciel me remplissait, plus je sentais tout mon être purifié depuis la tête jusqu’aux pieds.
Les remous de ce fleuve d’eau vive continuaient à m’envahir, et c’était absolument excellent, extraordinairement divin!
Il bouillonnait tellement qu'il giclait à travers les pores de ma peau.

J’ai alors pensé que je risquais de « noyer » les autres personnes présentes dans la salle, et j’ai osé regarder ce qui se passait autour de moi: j’avais les bras soulevés sous l’action du Saint Esprit qui venait s’établir en moi, mais apparemment j’étais la seule à vivre cette expérience époustouflante.
Désireuse de ne rien gaspiller, je fermais alors ma bouche pour retenir toute la substance divine dont « mon » Dieu m’avait alors remplie et qui coulait encore en abondance ..

Complètement bouleversée, je suis rentrée chez moi après la réunion.

Cette nuit-là, j’occupais la chambre de mon petit garçon située dans la pièce centrale du point le plus haut de notre maison.

Toute la nuit, le Seigneur est venu me parler de pureté, purification et de son royaume.

Je n’ai pas dormi, mais sa présence me régénérait d’une façon si prodigieuse, que les 8 heures de la nuit me parurent un court instant.

Le Seigneur Jésus-Christ me dit « aujourd’hui, le salut est entré dans ta maison »

Lorsque la sonnerie du réveil retentit à 6 heures, je me tint sur mes jambes, d’un bond, dans le petit couloir contiguë aux chambres. Je vis face à face mon époux, et je m’écriai « mais il est beau Seigneur! »

Je regardais cet homme que je voulais tuer la veille, avec un regard nouveau, un cœur transformé, une réelle espérance et surtout, un cœur rempli d’amour, de l’amour de Dieu qui par sa grâce m’avait permise d’être pardonnée de mes péchés et réconciliée avec le Père par le Fils.

A Jésus soit toute la gloire! Merci! Je t'aime!