La première de ces valeurs est dans cette conviction forte, que l’enfant appartient, en premier à Dieu, et Dieu confie à la famille son éducation. La famille est l’éducateur le plus important. Calvin écrivait «le père et la mère sont les apôtres, les évêques et les prêtres de leurs enfants». Luther, lui plus tôt, disait il n’y a pas d’autorité plus grande et plus noble sur la terre que celle des parents sur leurs enfants.

Culte et lecture de la Bible en famille caractérisent pendant longtemps la famille protestante. Le rôle de la mère est capital, car elle n’a pas seulement une tâche d’éducatrice mais parfois aussi d’institutrice… C’est pourquoi certains vieux protestants disaient «On ne saurait rendre de plus grand service à la société que de former une bonne mère».

La connaissance de la lecture pour qu’en premier on puisse lire la Bible pour avoir une connaissance de Dieu, c’est le but premier et peut-être aussi le but final.

Luther, (1483/1546) disait et prêchait : «Instruisez le peuple, et surtout prenez à cœur son développement spirituel. Créez un peuple chrétien. Pénétrez-le de l’Esprit de l’Évangile. C’est là seulement qu’est pour la nation, l’ancre du salut».

Plus tard, sous l’impulsion de Calvin, (1509/1564) la ville de Genève décréta l’instruction obligatoire pour tous, donc bien avant nos lois françaises sur le sujet…

En 1559 les Églises Protestantes de l’époque disent que : les Églises feront tout leur devoir de dresser des écoles et donneront ordre que la jeunesse soit instruite.

Oberlin (1740/1826) pasteur Alsacien, à Waldersbach, est l’initiateur «des poêles à tricoter», qui devinrent en France «les écoles maternelles». Musée Oberlin

Sans oublier les protestants instigateurs des plus grandes lois scolaires du dix-neuvième siècle…

La mentalité protestante semble parfois à l’excès pour cela, citons un ministre du gouvernement Français, Monsieur Guizot (1787/1874) qui a été ministre de l’intérieur et ministre de l’éducation au gouvernement français, il s’est longtemps opposé à l’instruction obligatoire de peur qu’elle ne se traduise pas l’interdiction pour les parents d’être éducateurs de leurs enfants.

Mais à une certaine époque il y a eu en France jusqu’à 2000 écoles protestantes et une vingtaine d’académies et aussi des collèges. Il veut être un homme libre, et pour cela il lui faut aussi l’instruction. C’est qu’en face d’eux il y a l’école catholique et l’intolérance qui souvent l’habitait. L’enfant est dans une démarche individuelle libre et non pas contrainte. C’est dans cette optique que les protestants ont abandonné presque toutes leurs écoles à l’état à la fin du dix-neuvième siècle. Où l’enseignement devenait obligatoire et laïque, (Quoique aujourd’hui il me semble aujourd’hui que dans l’enseignement public la laïcité soit confondue avec l’athéisme, mais c’est un autre débat).

Les protestants ont toujours défendu avec âpreté la liberté de conscience. La valeur de l’éducation protestante conduit au respect des personnes et elle condamne toute tentative d’imposer par la force des croyances religieuses à l’élève. L’enseignement religieux doit toujours laisser à l’enfant la possibilité de ne pas être d’accord avec ce qui lui est enseigné. Cela revient à dire que le Protestant ne doit obéir, en finalité à aucune autorité extérieure, mais seulement à sa conscience… formée par la connaissance de la Bible… Un élève n’était pas obligé dans une école protestante d’assister aux cours de religion si il était d’une autre religion et cela dès le dix-neuvième siècle !
Pour un article plus complet et mieux documenté,
Allez sur le site de la revue Réformée Un poisson dans le net.

En résumé :
Une éducation Protestante comprendra la dimension de transmission de sagesse, ce n’est pas seulement une transmission du avoir, puisque cela va inclure les dimensions d’interprétations, d’éthiques, de responsabilité et de la pratique. Cette éducation est une transmission de techniques et d’aptitudes. Si nous voulons que des spécialistes dans tel ou tel domaine, tout va très bien. Mais si nous voulons une transmission de sagesse, il faut donner l’éducation à des hommes et des femmes expérimentés et sages ! Car dans la perspective protestante la formation du caractère est importante, et ne fera pas appel aux efforts uniquement des profs et des élèves, mais à la grâce de Dieu, à la foi en Lui, à la lecture de la Bible, qui pourra faire naître le caractère du Christ en l’élève.

Une éducation Protestante doit conduire vers la liberté, en transmettant une bonne interprétation de la réalité. Pour reprendre une affirmation qui me semble le résumé suprême je cite :

L’éducation Protestante n’enseigne pas comme étant l’indépendance radicale vis-à-vis de Dieu, l’éducation enseigne la liberté comme dépendance radicale vis-à-vis de Dieu.

Toute indépendance vis-à-vis de lui conduit à une dépendance et un asservissement vis-à-vis des personnes, des idéologies, des philosophies… ne pas adorer Dieu dans un domaine revient à adorer d’autres dieux… tu n’adoreras que Dieu seul… tel est le premier commandement, c’est la condition de liberté, garantie contre tout esclavage de l’esprit et même du corps …