Dürer, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Kokoschka et les autres : Le trésor volé aux Juifs par Göring refait surface

30 lectures, par nicolas le 21 juin 2007 · 0 commentaire

dans la rubrique Histoire

Get PDF Imprimer la page Partager    Diminuer Normal Agrandir    Ajouter un commentaire Commentaires

Vous êtes nouveau ici? Pensez à laisser un commentaire, votre avis nous intéresse !

Le Point


Bruno Lohse (deuxième à droite) examinant un catalogue avec Hermann Göring (premier plan) à la Galerie du Jeu de paume, à Paris.

Sur ordre d’Hermann Göring, l’historien Bruno Lohse a volé à des juifs et gardé au secret, pendant plus de soixante ans, des chefs-d’oeuvre prestigieux. Depuis sa mort, l’Allemagne est perplexe.

Dürer, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Kokoschka… Bruno Lohse les avait tous volés et cachés dans le coffre-fort d’une banque suisse à Zurich. Le coffre, contenant quatorze tableaux prestigieux volés à des familles juives par les nazis, vient d’être découvert par des enquêteurs suisses. Chacune de ces toiles pourrait valoir plusieurs millions d’euros.

Bruno Lohse est mort en mars à Munich, à 96 ans. Il n’était un secret pour personne que ce vieil historien de l’art, célèbre et fortuné, avait été pendant la guerre le principal responsable d’un bureau chargé de la confiscation d’oeuvres d’art appartenant à des juifs dans les territoires occupés par l’Allemagne en Europe et tout particulièrement en France.

Propriétaire d’un petit magasin d’art, Bruno Lohse adhère au NSDAP en 1937. Son érudition est vite remarquée par les nazis. Quand Bruno Lohse lui fait visiter le musée du Jeu de paume, où sont exposés des peintres hollandais du XVIIe siècle, Hermann Göring est impressionné par les connaissances de son guide. Il l’embauche. Sa première mission : observer le marché français de l’art et faire des acquisitions pour les collections privées de Göring et de Hitler. Pendant la guerre, Lohse sera responsable de l’ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg), chargé de la spoliation des oeuvres d’art. Il devient l’un des pilleurs en chef du IIIe Reich.

A la fin de la guerre, Bruno Lohse s’enfuit à pied au château de Neuschwanstein, en Bavière, où les toiles volées sont entreposées depuis le débarquement allié en Normandie. Fait prisonnier par les Américains, Lohse est condamné à dix ans de prison par le tribunal de Nuremberg. On ignore s’il purgea vraiment sa peine. Lohse est à Munich dans les années 50 et mène une existence discrète. Il refuse de collaborer avec la justice. Pour lui, le chapitre du IIIe Reich est apparemment clos.

Les héritiers des familles juives spoliées n’ont pourtant jamais cessé de rechercher en vain les tableaux confisqués à leurs familles par les nazis. C’est par hasard que la petite-fille héritière du grand éditeur juif allemand Samuel Fischer est mise sur la piste d’un tableau de Pissarro, « Quai Malaquais, printemps », qui était exposé dans la salle à manger familiale. Quand la Wehrmacht défile victorieuse dans les rues de Vienne en 1938, l’éditeur fuit vers les Etats-Unis. Il n’a pas les moyens d’emporter ses biens. La toile de Pissarro disparaît. Jusqu’à ce que deux hommes – un marchand d’art munichois et un historien de l’art américain – proposent au début de l’année à l’héritière de lui restituer la toile moyennant une commission replète. Méfiante, l’héritière Fischer porte plainte pour chantage. Une enquête est ouverte qui mène très vite au coffre-fort n° 5 et à Bruno Lohse. Les toiles ont été mises sous séquestre. Elles doivent être expertisées et une procédure complexe sera ouverte pour tenter de retrouver leurs propriétaires d’origine.

Une découverte qui laisse l’Allemagne perplexe. En 1998, lors d’une conférence à Washington, les participants s’engageaient à rouvrir le dossier de la spoliation des biens juifs. Une commission gouvernementale avait alors été créée en Suisse. Jusqu’à sa mort, Bruno Lohse est parvenu à passer à travers les mailles du filet.


Article précédent: [ Vidéo ] La sécurité sociale… sans la Sécu ! Le point sur les démarches à faire

Article suivant: Les nouveaux visages et prétextes de l’antisémitisme